DĂ©veloppement dâoutils pour lâanalyse des ressources numĂ©riques utilisĂ©es pour lâenseignement de la musique en contexte scolaire quĂ©bĂ©cois pendant la pandĂ©mie
Isabelle Héroux, HélÚne Boucher, Catherine Tardif, Audrey-Kristel Barbeau
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Résumé
La crise sanitaire mondiale de COVID-19 a eu de nombreux impacts sur le monde de lâĂ©ducation et celui-ci a dĂ» adapter ses pratiques en ayant recours Ă une variĂ©tĂ© de ressources numĂ©riques. Alors que le gouvernement quĂ©bĂ©cois misait sur une amĂ©lioration des compĂ©tences numĂ©riques des enseignants et des Ă©lĂšves depuis plusieurs annĂ©es, cette transformation sâest opĂ©rĂ©e de façon accĂ©lĂ©rĂ©e. Dans le but de comprendre lâutilisation faite des ressources numĂ©riques par les enseignants en musique du primaire et du secondaire pendant la pandĂ©mie, nous avons dĂ©veloppĂ© des outils permettant dâen analyser lâusage. Pour ce faire, nous avons dâabord Ă©laborĂ© une typologie permettant dâidentifier la nature des ressources numĂ©riques pour lâenseignement de la musique. Celle-ci a constituĂ© la premiĂšre phase du dĂ©veloppement dâun modĂšle conceptuel opĂ©ratoire permettant une comprĂ©hension de lâutilisation des ressources numĂ©riques. Ce modĂšle de forme triangulaire est composĂ© de trois pĂŽles, la ressource, lâenseignant et lâapprenant, et permet dâillustrer la nature fluide des diffĂ©rentes relations entre ces pĂŽles. Ce modĂšle explicatif peut ĂȘtre Ă©tendu Ă diffĂ©rentes disciplines ainsi quâĂ divers systĂšmes scolaires.
Mots clés : ressources numériques ; systÚme scolaire québécois ; enseignement-apprentissage de la musique ; typologie ; modÚle conceptuel.
Abstract
The COVID-19 global health crisis has had many impacts on the education community, which has had to adapt its practices using a variety of digital resources. While the Quebec government has been wanting to improve the digital skills of teachers and students for several years, this transformation has taken place in an accelerated manner. To understand the use made of digital resources by music teachers in elementary and high school education during the pandemic, we have developed tools to analyze their usage. To do this, we first developed a typology to identify the nature of digital resources for music education. This constituted the first phase in the development of an operational conceptual model enabling understanding of digital resource use. This triangular model is made up of three poles, the resource, the teacher, and the learner, and helps to illustrate the fluid nature of the different relationships between these poles. This explanatory model can be extended to different disciplines as well as to different school systems.
Keywords: digital and online resources; Quebec school system; teaching and learning tools for music education; typology; conceptual model.
Introduction
En 2011, le gouvernement du QuĂ©bec a mis en place une initiative visant Ă moderniser lâĂ©ducation par lâusage dâun outil numĂ©rique novateur : le tableau blanc interactif (Couture 2020). Les recherches portant sur son usage rĂ©el ont identifiĂ© quâil nâavait pas donnĂ© lieu au renouvellement des pratiques pĂ©dagogiques et que, dans certains cas, il Ă©tait allĂ© jusquâĂ renforcer certaines pratiques traditionnelles en enseignement (Plantard 2016). De plus, il semblerait que les technologies numĂ©riques gĂ©nĂšrent des « rĂ©sistances », peu importe les gĂ©nĂ©rations dâutilisateurs (Kouawo et al. 2013) et quâelles soient peu utilisĂ©es pour soutenir les apprentissages (Lefebvre et Fournier 2014), les enseignants1Dans cet article, lâemploi du masculin pour dĂ©signer des personnes nâa dâautres fins que celle dâallĂ©ger le texte. se sentant comme des novices dans lâutilisation quâils en font (Stockless, Villeneuve et Beaupré 2018). Ainsi, il faut attendre le contexte dâurgence de la pandĂ©mie de COVID-19 pour que leur usage sâimpose au personnel enseignant des diffĂ©rents milieux Ă©ducatifs (Couture 2020) dans un phĂ©nomĂšne dâ« Emergency Remote Teaching » (Hodges et al. 2020). Dans cette nouvelle rĂ©alitĂ©, certains enseignants perçoivent Ă©galement comme menaçantes les technopĂ©dagogies qui pourraient dĂ©raciner des pratiques existantes Ă©prouvĂ©es et voir les salles de classe se vider (Couture 2020), forçant ainsi un transfert vers lâenseignement Ă distance.
La formation Ă distance Ă lâaide des technologies numĂ©riques ayant Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e depuis plusieurs dĂ©cennies, il est surprenant de constater Ă quel point les milieux Ă©ducatifs ont Ă©tĂ© pris au dĂ©pourvu alors que lâenseignement en ligne a Ă©tĂ© imposĂ© Ă cause de la pandĂ©mie. De nombreuses donnĂ©es probantes sont pourtant disponibles, depuis quelques dĂ©cennies, concernant les principales dimensions reliĂ©es Ă lâenseignement en ligne : les modalitĂ©s, le rythme de lâenseignement, le ratio enseignant-Ă©lĂšves, lâapproche pĂ©dagogique, le rĂŽle de lâenseignant, le rĂŽle de lâapprenant, la communication synchrone, le rĂŽle de lâĂ©valuation en ligne et les sources de rĂ©troaction (Hodges et al. 2020). Lâutilisation des technologies de lâinformation et de la communication est dâailleurs partie intĂ©grante des programmes de formation en enseignement. Le nouveau RĂ©fĂ©rentiel de compĂ©tences professionnelles pour la profession enseignante du ministĂšre de lâĂducation du QuĂ©bec (2020) la nomme maintenant « Mobiliser le numĂ©rique. Utiliser le numĂ©rique afin dâen faire bĂ©nĂ©ficier les Ă©lĂšves ainsi que lâensemble des actrices et acteurs Ă©ducatifs » (p. 78). Lâusage du numĂ©rique dans lâenseignement des arts sâest Ă©galement grandement accĂ©lĂ©rĂ© pendant la pandĂ©mie et ceci a nĂ©cessitĂ© une adaptation des pratiques pĂ©dagogiques. Ce grand bouleversement est de mieux en mieux documentĂ© dans divers contextes et parties du monde comme lâAngleterre (Daubney et Fautley 2020), lâItalie (Schiavio, Biasutti et Antonini Philippe 2021), la Turquie (AkyĂŒrek 2020) et les Ătats-Unis (Thornton 2020).
Par ailleurs, de nombreux organismes professionnels ont publiĂ© des lignes directrices pour lâadaptation de lâenseignement de la musique en prĂ©sence et Ă distance. Parmi ceux-ci, deux associations amĂ©ricaines, la National Federation of State High School Associations (NFHS) et la National Association for Music Education (NAfME) ont publiĂ© un guide pour la rentrĂ©e 2020. Le Fall 2020 Guidance for Music Education propose ainsi diffĂ©rentes informations et solutions pratiques concernant les mesures sanitaires Ă respecter pour lâenseignement de la musique en prĂ©sence, mais aussi des pistes pĂ©dagogiques tant pour lâenseignement de la musique en prĂ©sence quâĂ distance.
Au Canada, la British Columbia Music Educatorsâ Association (2020), lâAssociation of Music Administrators of Manitoba (2020) et la Newfoundland and Labrador Music Educatorsâ Association (Beresford et al. 2020) ont aussi proposĂ© des guides pour la rentrĂ©e scolaire 2020 avec Ă la fois des solutions pour lâenseignement en classe et des suggestions pour lâenseignement en ligne, sâappuyant sur la littĂ©rature scientifique. La FĂ©dĂ©ration des harmonies et des orchestres symphoniques du QuĂ©bec (FHOSQ) en association avec la FĂ©dĂ©ration des associations des musiciens Ă©ducateurs (FAMEQ) ont publiĂ© le Guide sanitaire pour les ensembles musicaux (2020) qui offre des informations sur la dĂ©sinfection des instruments sans toutefois offrir de solutions pĂ©dagogiques aux enseignants. Finalement, des chercheurs de lâUniversitĂ© Laval ont publiĂ© un Rapport prĂ©liminaire des solutions pour enseigner la musique en milieu scolaire Ă la suite de lâimpact de la COVID-19 au QuĂ©bec (Lemay et Peters 2020), lequel inclut une revue de littĂ©rature de diffĂ©rentes ressources Ă lâintention des enseignants quĂ©bĂ©cois.
Lâensemble des publications citĂ©es plus haut offre des informations sur la transmission du virus et propose des balises pour lâutilisation des instruments de maniĂšre sĂ©curitaire en sâappuyant sur les recommandations sanitaires de diverses instances. Cependant, le Guidance for Music Classes in Newfoundland and Labrador during COVID-19 (Beresford et al. 2020) est la seule publication dans laquelle figure une liste alphabĂ©tique de 19 ressources numĂ©riques, qui vont du logiciel gratuit pour la notation musicale (MuseScore) au systĂšme complet, et payant, pour mettre en place un programme dâenseignement en ligne (SmartMusic).
Le passage de lâenseignement de la musique en mode distanciel pendant la pandĂ©mie, malgrĂ© des enjeux importants, a permis dâaccĂ©lĂ©rer lâutilisation des ressources numĂ©riques qui peinaient Ă se faire une place dans les milieux Ă©ducatifs. Cette transformation a Ă©galement affectĂ© les relations des apprenants et des enseignants avec les outils technologiques, forçant la mise Ă jour des compĂ©tences de ces derniers. Pour Ă©tudier ces changements, il importe de sâappuyer sur des outils dâanalyse pertinents reposants sur des assises thĂ©oriques congruentes. La recherche que nous prĂ©sentons ici a pour but dâĂ©laborer des outils permettant dâanalyser lâutilisation des ressources en fonction de leur nature et de la posture prise par les utilisateurs pendant la premiĂšre vague de COVID-19 au QuĂ©bec. Les objectifs de cet article sont de prĂ©senter 1) lâĂ©laboration dâune typologie qui identifie la nature des ressources numĂ©riques pour lâenseignement de la musique et 2) le dĂ©veloppement dâun modĂšle conceptuel opĂ©ratoire de lâutilisation des ressources numĂ©riques en contexte scolaire quĂ©bĂ©cois.
Dans la section suivante, nous prĂ©senterons les classifications existantes et leurs caractĂ©ristiques, puis nous dĂ©crirons de quelle façon leur complĂ©mentaritĂ© nous permet de proposer une typologie actualisĂ©e regroupant lâensemble des ressources numĂ©riques disponibles pour lâenseignement-apprentissage. Par la suite, nous expliciterons les assises thĂ©oriques de notre outil dâanalyse de lâutilisation des ressources, sa reprĂ©sentation graphique et son fonctionnement.
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Recension des classifications des ressources numériques
Dans un premier temps, il nous semble important de clarifier les concepts de taxonomie et typologie qui sont parfois utilisĂ©s dans la littĂ©rature de maniĂšre indistincte. Une taxonomie rĂ©fĂšre à « un systĂšme de classification systĂ©matique et hiĂ©rarchique » (Legendre 2005, p. 1416), est exhaustive et vise une classification, le tout discriminant chacune des caractĂ©ristiques des Ă©lĂ©ments qui y figurent. Quant Ă la typologie, elle est plutĂŽt intĂ©gratrice, car elle vise « à rĂ©duire la diversitĂ© des Ă©lĂ©ments dâun ensemble en quelques types plus signifiants et, ainsi, Ă rĂ©duire la complexitĂ© dâun phĂ©nomĂšne » (Basque et Lundgren-Cayrol 2003, p. 2). La premiĂšre Ă©tape de notre travail a donc Ă©tĂ© constituĂ©e dâune recherche documentaire des travaux existants, en utilisant les mots clĂ©s « taxonomie » et « typologie ».
Dans un premier temps, un corpus a Ă©tĂ© constituĂ© grĂące aux rĂ©fĂ©rences suggĂ©rĂ©es par des chercheurs quĂ©bĂ©cois experts du domaine numĂ©rique. Dans un deuxiĂšme temps, nous avons effectuĂ© une recherche documentaire avec les mots clĂ©s « taxonomie ou typologie » ET « numĂ©rique ou technologique » dans les bases de donnĂ©es Ărudit et ERIC, qui a gĂ©nĂ©rĂ© 409 articles rĂ©visĂ©s par les pairs. Par la suite, une autre recherche systĂ©matique a Ă©tĂ© effectuĂ©e grĂące Ă ebsco avec les mots clĂ©s « digital or technology » AND « taxonomy or classification » AND « education or school or learning or teaching or classroom or education system ». Nous avons limitĂ© les rĂ©sultats aux articles rĂ©visĂ©s par les pairs avec « classification » comme sujet, pour 872 documents, et avons effectuĂ© une premiĂšre sĂ©lection Ă lâaide du titre. Dans un troisiĂšme temps, nous avons lu les rĂ©sumĂ©s afin de nous assurer de la correspondance aux critĂšres suivants : 1) lâarticle prĂ©sente une classification (taxonomie ou typologie) des ressources numĂ©riques, 2) il sâinscrit dans un contexte dâenseignement-apprentissage et 3) est Ă©crit en français ou en anglais. Cette recherche nous a permis dâidentifier deux recensions exhaustives (Basque et Lundgren-Cayrol 2003 ; Bower 2016) dans lesquelles Ă©taient prĂ©sentĂ©es des typologies et taxonomies publiĂ©es entre 1980 et 2016.
Finalement, nous avons conservĂ© 10 articles rĂ©pondant Ă nos critĂšres dâinclusion (Baron et Harrari 2006 ; Benoit et Feuilladieu 2017 ; Bibeau 2005 ; Buisson et al. 2004 ; Cavanagh et al. 2020 ; Charlier, Deschryver et Peraya 2006 ; Ekren et Ăzdamar Keskin 2017 ; Hersh 2017 ; Loisier 2011 ; Passey 2019 ; Pechenkina 2017). Dans la section suivante, nous prĂ©sentons dâabord les mĂ©ta-analyses recensĂ©es, en portant un regard critique sur lâĂ©volution des classifications existantes. Par la suite, nous analysons de façon plus dĂ©taillĂ©e les classifications qui ont retenu notre attention et la façon dont elles ont influencĂ© notre rĂ©flexion.
Dans leur analyse critique des classifications, Josianne Basque et Karin Lundgren-Cayrol (2003) recensent 29 typologies des ressources numĂ©riques quâelles organisent en trois catĂ©gories selon leurs usages : 1) centrĂ©es sur lâacte dâenseignement-apprentissage (n=15), 2) centrĂ©es sur lâĂ©cole (n=9) et 3) centrĂ©es sur lâapprenant (n=5). Ces catĂ©gories sont subdivisĂ©es Ă leur tour en sous-catĂ©gories (tableau 1).
Tableau 1 : Catégorisation de typologies des ressources numériques (Basque et Lundgren-Cayrol 2003, p. 7).
Matt Bower (2016), pour sa part, compare cinq typologies existantes publiĂ©es entre 2007 et 2010 et mentionne une incohĂ©rence concernant la dĂ©finition des concepts et un manque de rigueur mĂ©thodologique. Pour pallier cette lacune, il propose une analyse qui recense plus de 200 ressources Ă©ducatives numĂ©riques, en ligne et gratuites, organisĂ©es en 37 catĂ©gories et 14 sous-catĂ©gories selon une approche mĂ©thodologique reposant sur quatre critĂšres quâil dĂ©finit avec prĂ©cision : 1) outils disponibles gratuitement, 2) exploitĂ©s via un navigateur Web, 3) permettant une certaine forme de crĂ©ation, de modification ou de partage et 4) ayant une applicabilitĂ© Ă©vidente sur le plan Ă©ducatif.
LâĂ©volution de la technologie et des contextes peut expliquer la pluralitĂ© des classifications existantes. En effet, on retrouve maintenant des typologies au service de lâanalyse des situations pĂ©dagogiques (Baron et Harrari 2006 ; Benoit et Feuilladieu 2017 ; Cavanagh et al. 2020 ; Hersh 2017 ; Passey 2019) et des caractĂ©ristiques des ressources (Bower 2016). En outre, ces nouvelles typologies sâancrent dans une utilisation contextualisĂ©e : en classe ou hors classe de façon autonome (Baron et Harrari 2006 ; Benoit et Feuilladieu 2017 ; Bibeau 2005), Ă distance (Loisier 2011) et en mode hybride pour la formation continue des professionnels (Charlier et al. 2006). On remarque Ă©galement des classifications spĂ©cifiques Ă une clientĂšle utilisatrice dĂ©finie, nommĂ©ment pour les Ă©tudiants postsecondaires (Cavanagh et al. 2020 ; Pechenkina 2017) ainsi que pour les Ă©lĂšves Ă besoins particuliers ou prĂ©sentant des handicaps (Benoit et Feuilladieu 2017 ; Cavanagh et al. 2020 ; Hersh 2017). On voit mĂȘme certaines classifications qui se limitent Ă des outils technologiques spĂ©cifiques, comme les applications mobiles (Ekren et Ăzdamar Keskin 2017 ; Pechenkina 2017) ou les sites pĂ©dagogiques (Buisson et al. 2004).
Parmi les travaux recensĂ©s, deux en particulier retiennent notre attention. Les recherches de Robert Bibeau (2005), qui permettent le classement des ressources numĂ©rique selon diffĂ©rentes caractĂ©ristiques, et celles de Jean Loisier (2011), qui ont Ă©tĂ© menĂ©es en contexte dâenseignement Ă distance et permettent de comprendre la fonction communicationnelle des ressources numĂ©riques. Ces deux chercheurs proposent des outils complĂ©mentaires pour Ă©tudier les ressources numĂ©riques en contexte Ă©ducatif.
Bibeau (2005) propose une classification en six catĂ©gories qui reflĂštent la nature technologique des ressources : 1) les portails, moteurs de recherches et rĂ©pertoires, 2) les logiciels outils, Ă©diteurs, services de communication et dâĂ©changes, 3) les documents gĂ©nĂ©raux de rĂ©fĂ©rence, 4) les banques de donnĂ©es et dâĆuvres protĂ©gĂ©es, 5) les applications de formation et 6) les applications scolaires et Ă©ducatives. De plus, il regroupe ces ressources numĂ©riques gĂ©nĂ©rales selon quâelles soient disponibles en ligne ou hors-ligne et propose une catĂ©gorisation imbriquĂ©e spĂ©cifique aux ressources numĂ©riques en ligne : 1) les banques de donnĂ©es et de documents de rĂ©fĂ©rences, 2) les rĂ©pertoires, moteurs de recherche et catalogues, 3) les sites dâactivitĂ©s, dâanimation pĂ©dagogique et de formations en ligne et 4) les portails, plateformes et portfolios personnalisĂ©s. Dans cette catĂ©gorisation imbriquĂ©e, la premiĂšre catĂ©gorie est incluse dans la seconde, qui est incluse dans la suivante et ainsi de suite. Notons que Bibeau qualifie sa classification de taxonomie alors quâelle sâapparente davantage Ă une typologie de par sa dimension intĂ©gratrice plutĂŽt quâexhaustive.
Loisier (2011), quant Ă lui, conçoit la fonction des ressources numĂ©riques selon trois axes de la communication en contexte de formation Ă distance : la tĂ©lĂ©prĂ©sence, la tĂ©lĂ©mĂ©moire et, Ă la jonction de ces deux axes, la tĂ©lĂ©participation ou la tĂ©lĂ©collaboration. La tĂ©lĂ©prĂ©sence permet dâĂȘtre prĂ©sent mĂȘme Ă distance et dĂ©cline principalement les modes associĂ©s Ă lâenseignement Ă distance plutĂŽt que les ressources numĂ©riques auxquelles se rĂ©fĂ©rer. On y retrouve lâaudioconfĂ©rence, la vidĂ©oconfĂ©rence, la messagerie instantanĂ©e et la tĂ©lĂ©manipulation (simulateurs), toutes des ressources largement utilisĂ©es dans le contexte de la pandĂ©mie. Lâauteur y inclut Ă©galement le concept de lâapprentissage et de la communication nomade qui fait rĂ©fĂ©rence Ă la possibilitĂ© dâĂ©changer virtuellement Ă lâaide de la technologie, indĂ©pendamment du lieu physique des utilisateurs. Quant Ă la tĂ©lĂ©mĂ©moire, elle correspond aux ressources entreposĂ©es en ligne. Elle comprend les manuels numĂ©riques, les documents en lignes, les bibliothĂšques, les producteurs dâinformations (articles, organismes, mĂ©dias), les livres numĂ©riques, les rĂ©pertoires en ligne (dictionnaires, cartographies, encyclopĂ©dies) et les outils de recherche (mĂ©tadonnĂ©es et moteurs de recherche). Finalement, Loisier organise les outils de tĂ©lĂ©participation, ou tĂ©lĂ©collaboration, en 6 catĂ©gories : les plateformes dâapprentissage, les agendas numĂ©riques, les outils de collaboration textuels (forum, salons de clavardage, blogues, wikis), les jeux dâapprentissage en ligne et les tĂ©lĂ©voteurs, les portfolios numĂ©riques (dâĂ©valuation ou dâapprentissage) et les rĂ©seaux sociaux ou outils de socialisation.
ApprĂ©hender lâanalyse de la fonction dâune ressource selon trois axes communicationnels pour lâenseignement-apprentissage Ă distance apparaĂźt pertinent Ă notre situation, avec quelques amĂ©nagements. Par exemple, lâapprentissage nomade est dĂ©sormais une pratique courante avec le dĂ©veloppement de lâaccĂšs internet en itinĂ©rance. Notons aussi que le stockage infonuagique (par exemple, OneDrive), qui sâest dĂ©veloppĂ© rĂ©cemment, nâest pas considĂ©rĂ© explicitement par Loisier. De plus, si sa proposition permet dâanalyser la fonction communicationnelle dâune ressource numĂ©rique, elle ne constitue pas un cadre de classification des ressources selon leurs caractĂ©ristiques intrinsĂšques, ce Ă quoi sâattarde Bibeau. Les classifications recensĂ©es ci-haut doivent ĂȘtre rĂ©visĂ©es Ă la lumiĂšre des multiples contextes Ă©ducatifs actuels pour inclure les formes bimodale2Lâenseignement « bimodal » ou « comodal » permet de joindre des Ă©lĂšves en ligne et en prĂ©sence de façon simultanĂ©e (Gobeil-Proulx 2019). Seule lâexpression « enseignement bimodal » est utilisĂ©e dans le texte pour faciliter la lecture., synchrone, asynchrone et hybride et prendre en compte lâĂ©volution rapide et constante des technologies numĂ©riques. Par ailleurs, aucune des classifications existantes nâa Ă©tĂ© conçue sous lâaxe de lâenseignement-apprentissage en musique.
Typologie des ressources numĂ©riques pour lâenseignement-apprentissage en musique
Une typologie peut ĂȘtre Ă©laborĂ©e de maniĂšre inductive, en observant la rĂ©alitĂ©, pour identifier les caractĂ©ristiques qui Ă©mergent et permettre de dĂ©finir les types ; ou de maniĂšre dĂ©ductive, grĂące Ă des catĂ©gories dĂ©jĂ dĂ©finies dans un cadre validĂ© (Legendre 2005, p. 1416). Pour lâĂ©laboration de notre typologie des ressources numĂ©riques, nous avons utilisĂ© une approche mixte. Dâabord, dâun point de vue dĂ©ductif, notre typologie pourrait ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une mise Ă jour de la classification proposĂ©e par Bibeau (2005), actualisĂ©e Ă la lumiĂšre de lâĂ©volution technologique. Puis, de maniĂšre inductive, nous avons fait lâanalyse des ressources numĂ©riques utilisĂ©es pendant la premiĂšre vague de la pandĂ©mie par les musiciens Ă©ducateurs de façon Ă en identifier leurs spĂ©cificitĂ©s. Nous utilisons le terme typologie, plutĂŽt que taxonomie qui rĂ©fĂšre Ă une classification hiĂ©rarchique et exhaustive, car ce type de structure vise Ă organiser un ensemble selon des caractĂ©ristiques plus gĂ©nĂ©rales. Notre typologie a une fonction interprĂ©tative et explicative, car elle rĂ©vĂšle les principes organisateurs dâun phĂ©nomĂšne pour en permettre la comprĂ©hension (Legendre 2005). Ainsi, notre souhait est de simplifier et de limiter le nombre de catĂ©gories.
Pour constituer le corpus des ressources numĂ©rique Ă analyser et afin de dĂ©velopper notre typologie, nous avons procĂ©dĂ© en deux temps. PremiĂšrement, nous avons rĂ©pertoriĂ© les ressources numĂ©riques pour lâenseignement de la musique proposĂ©es par les sites internet dâassociations professionnelles (FAMEQ, Guilde des musiciens et musiciennes du QuĂ©bec, FHOSQ), dâorganismes culturels (Orchestre symphonique de MontrĂ©al, Orchestre MĂ©tropolitain, Centre national des arts, SociĂ©tĂ© de musique contemporaine du QuĂ©bec), des Centres de services scolaires et dâorganismes pĂ©dagogiques du QuĂ©bec (Service national du RĂCIT domaine des arts, Ăcole en rĂ©seau), francophones et anglophones, puis du reste de la francophonie. Plusieurs dâentre eux ont, Ă mĂȘme leur site internet, une liste de ressources numĂ©riques pour lâenseignement. On y retrouve sommairement de la documentation (pĂ©dagogique ou sanitaire), des liens vers des sites internet et des applications, des offres de formations et des plateformes dâĂ©changes ou forums de discussion. Dans un deuxiĂšme temps, nous avons consultĂ© les murs virtuels dâenseignants et de conseillers pĂ©dagogiques qui proposent des ressources numĂ©riques (Padlet, FlipGrid et Wakelet). Ceci nous a permis dâenrichir notre corpus et de confirmer lâutilisation de celles dĂ©jĂ recensĂ©es.
DĂšs la premiĂšre analyse, nous avons constatĂ© que les ressources prĂ©sentent des caractĂ©ristiques liĂ©es Ă leur modalitĂ© dâutilisation (accĂšs, temporalitĂ© et lieu dâutilisation), Ă leur contenu et Ă la langue dâutilisation. Certaines ressources sont accessibles sans frais, alors que dâautres sont payantes ; dans les deux cas, une forme dâinscription ou dâabonnement peut ĂȘtre, ou non, requise. Concernant la temporalitĂ©, certaines ressources peuvent ĂȘtre utilisĂ©es seulement en simultanĂ© par les utilisateurs, selon un mode synchrone, comme les applications de conversation (Skype). Dâautres permettent une utilisation Ă diffĂ©rents moments, selon un mode asynchrone (YouTube) ou une temporalitĂ© hybride (Teams). Pour terminer, plusieurs ressources peuvent ĂȘtre utilisĂ©es en prĂ©sence, Ă distance ou de maniĂšre bimodale et toutes sont en ligne ou tĂ©lĂ©chargeables. Quant Ă leur contenu, les ressources sont parfois destinĂ©es Ă la transmission et Ă lâacquisition de savoirs disciplinaires (banques de partitions), ou Ă un usage gĂ©nĂ©ral sans ĂȘtre rattachĂ©es Ă une discipline, comme les plateformes de visioconfĂ©rence. De plus, certaines ressources sont disponibles dans une seule langue ou plusieurs.
Afin de classer les ressources numĂ©riques, nous proposons une typologie Ă catĂ©gories imbriquĂ©es fortement inspirĂ©e de celle de Bibeau et qui prend en compte les travaux de Loisier quant Ă la fonction des ressources. Cependant, compte tenu de la rĂ©alitĂ© actuelle, lâutilisation de la double catĂ©gorisation en ligne/hors-ligne de Bibeau nous paraĂźt dĂ©suĂšte. Ainsi, dans notre typologie, nous considĂ©rons lâaspect en ligne ou hors ligne comme Ă©tant une caractĂ©ristique de la ressource, plutĂŽt quâune catĂ©gorie distincte. La classification proposĂ©e se dĂ©cline en quatre catĂ©gories : a) les documents de rĂ©fĂ©rence, b) les rĂ©pertoires, moteurs de recherche, catalogues et banques de donnĂ©es, c) les sites et applications simples ou complexes et d) les portails, plateformes et portfolio personnalisĂ©s (voir figure 1). Ainsi, des ressources appartenant Ă diffĂ©rentes catĂ©gories, et pouvant ĂȘtre utilisĂ©es simultanĂ©ment, sont prises en compte grĂące aux catĂ©gories imbriquĂ©es. Ă titre dâexemple, lors dâune rencontre en visioconfĂ©rence, les participants peuvent utiliser la fonction de partage dâĂ©cran pour consulter un document PDF. Notons que chaque catĂ©gorie peut regrouper des ressources avec des caractĂ©ristiques diffĂ©rentes quant aux modalitĂ©s dâutilisation (accĂšs, temporalitĂ© et lieu dâutilisation), au contenu, et Ă la langue dâutilisation.
Figure 1. Typologie des ressources numĂ©riques en contexte dâenseignement-apprentissage en musique.
Les documents de référence
La premiĂšre catĂ©gorie regroupe des donnĂ©es brutes telles des enregistrements audio et vidĂ©o (fichiers MP3, MP4, etc.), des banques dâimages (par exemple, Pixabay) et divers documents numĂ©riques (par exemple, des fichiers PDF).
Les répertoires, moteurs de recherche, catalogues et banques de données
La seconde catĂ©gorie regroupe les ressources servant Ă lâindexation et au repĂ©rage, comme les rĂ©pertoires (par exemple, la boĂźte Ă outils de la FAMEQ), moteurs de recherche (par exemple, Google), catalogues et banques de donnĂ©es (par exemple, la PhonothĂšque quĂ©bĂ©coise).
Les deux premiĂšres catĂ©gories sont prĂ©sentes dans les travaux de Bibeau et correspondent aux outils recensĂ©s dans lâaxe tĂ©lĂ©mĂ©moire de lâenseignement Ă distance par Loisier. On pourrait les dĂ©finir respectivement comme des donnĂ©es de premiĂšre et de seconde main. Ă noter que, contrairement Ă Bibeau, nous concevons les banques de donnĂ©es comme des outils dâindexation et les avons donc classĂ©es dans cette seconde catĂ©gorie.
Les sites et applications simples ou complexes
La troisiĂšme catĂ©gorie regroupe les sites internet ainsi que les applications simples et complexes. Ces ressources peuvent ĂȘtre utilisĂ©es de maniĂšre autonome ou, au contraire, en concomitance avec une ou plusieurs autres. Ainsi, nous faisons une distinction entre les sites et applications simples, Ă©tant utilisĂ©s de maniĂšre autonome (comme un mĂ©tronome en ligne) et les sites et applications complexes. Ainsi, EdPuzzle, qui permet dâajouter du contenu interactif Ă une ressource documentaire vidĂ©o prĂ©existante, est un bon exemple dâapplication complexe, car son utilisation nĂ©cessite obligatoirement le recours Ă une seconde ressource numĂ©rique : des enregistrements vidĂ©o privĂ©s ou publics accessibles, par exemple, sur YouTube, TED ou VimĂ©o.
De plus, notons que les applications simples ou complexes peuvent constituer une des fonctionnalitĂ©s dâune plateforme ou dâun portail, comme pourrait lâĂȘtre le tableau blanc sur Zoom. Ainsi, certaines applications peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©es de façon indĂ©pendante ou autonome, par exemple celles de la suite Google (Gmail, Drive, Agenda, etc.). En revanche, dâautres sont obligatoirement liĂ©es Ă lâutilisation de la plateforme dont elles sont tributaires (comme les fonctions clavardage et tableau blanc de Zoom). Pour terminer, notons que cette catĂ©gorie englobe la majoritĂ© des outils de tĂ©lĂ©participation identifiĂ©s par Loisier.
Chez Bibeau, la troisiĂšme catĂ©gorie sâintitule « Sites dâactivitĂ©s, dâanimation pĂ©dagogique et de formations en ligne ». Cette dĂ©nomination amĂšne une description de lâutilisation faite dâune ressource davantage que de sa nature. Il nous semble plus cohĂ©rent de nommer la nĂŽtre « Sites et application simples et complexes », et de cette façon sâassurer que chacune des catĂ©gories reflĂšte la nature des ressources qui y sont associĂ©es.
Portail, plateforme et portfolio personnalisé
La derniĂšre catĂ©gorie de notre typologie est constituĂ©e des ressources numĂ©riques permettant lâorganisation des contenus et favorisant lâaccessibilitĂ© Ă plusieurs autres ressources. Il sâagit donc de lieux dâhĂ©bergement personnalisĂ©s pouvant regrouper un ensemble de ressources, indĂ©pendamment du niveau de celles-ci dans notre typologie, afin dâen favoriser lâaccĂšs. Ils sont utilisĂ©s dans le but de compiler des travaux, des documents de rĂ©fĂ©rences ou de rediriger les utilisateurs vers dâautres ressources. Ils peuvent ĂȘtre utilisĂ©s de façon individuelle ou collective, notamment dans un objectif de collaboration (par exemple, Padlet, Moodle, Mozaik Portail, stockage infonuagique).
Les applications Teams et Google Classroom sont des exemples de plateformes utilisĂ©es dans diffĂ©rents milieux scolaires. Ces ressources numĂ©riques sont non disciplinaires et incluent plusieurs fonctionnalitĂ©s (applications simples et complexes) dont la visioconfĂ©rence, les forums de discussions, le calendrier collaboratif et le tableau blanc. La fonctionnalitĂ© « partage dâĂ©cran » permet dâailleurs aux utilisateurs de consulter conjointement des documents de rĂ©fĂ©rence et des banques de donnĂ©es. Cette catĂ©gorie regroupe Ă©galement les ressources permettant lâhĂ©bergement et le partage infonuagique de documents (comme Dropbox) qui, comme nous lâavons mentionnĂ©, Ă©taient absentes des travaux de Loisier.
ModĂšle conceptuel opĂ©ratoire de lâutilisation des ressources numĂ©riques
JusquâĂ maintenant, dans les milieux scolaires, les enseignants ont eu tendance Ă adopter une posture « technocentrĂ©e » (Couture 2020, p. 4) donnant la prioritĂ© Ă lâobjet technologique (Albero 2011). Les Ă©tudes scientifiques dĂ©montrent cependant que la pĂ©dagogie et la didactique devraient ĂȘtre priorisĂ©es lorsque vient le temps dâutiliser le numĂ©rique en classe (Conseil supĂ©rieur de lâĂ©ducation 2020 ; Lefebvre 2014 ; Stockless, Villeneuve et Beaupré 2018 ; SuĂĄrez-RodrĂguez et al. 2018). De plus, procĂ©der Ă une simple classification des ressources ne rend pas compte de lâutilisation qui en est faite, car les raisons pour lesquelles une ressource a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par le concepteur ne correspondent pas nĂ©cessairement Ă son usage rĂ©el. Câest la raison pour laquelle nous avons Ă©laborĂ© un modĂšle conceptuel opĂ©ratoire qui permet de rĂ©flĂ©chir Ă lâutilisation des ressources numĂ©riques catĂ©gorisĂ©es selon notre nouvelle typologie. Il permet de mettre en Ă©vidence les diffĂ©rentes relations qui en dĂ©coulent lors de lâenseignement-apprentissage.
Pour ce faire, nous nous inspirons du modĂšle triangulaire de Jean Houssaye (1992) pour lâanalyse des approches pĂ©dagogiques. Celui-ci est constituĂ© de trois pĂŽles (lâenseignant, lâĂ©lĂšve et le savoir) et de trois processus (enseigner, former et apprendre). Ainsi, la relation entre enseignant et savoir constitue le processus « enseigner ». Celui-ci sâinscrit principalement dans une pĂ©dagogie dite traditionnelle, mettant de lâavant le lien savoir-professeur et Ă©tant axĂ© sur les contenus, programmes et cours magistraux. De lâautre cĂŽtĂ© du triangle, entre lâĂ©lĂšve et le savoir, se situe le processus « apprendre ». Il met de lâavant un contact direct entre les Ă©lĂšves et le savoir, lâenseignant nâest alors plus lâintermĂ©diaire direct du savoir, mais plutĂŽt un planificateur de situations dâapprentissage. Ă la base du triangle, on retrouve lâenseignant et lâĂ©lĂšve dans le processus « former ». Ce dernier met la relation formateur-formĂ©s au centre des prĂ©occupations. Le professeur « endossant une attitude non-directive » offre des structures laissant les Ă©lĂšves « sâorganiser pour trouver un mode de fonctionnement qui leur permette dâacquĂ©rir des connaissances sâils le dĂ©sirent » (Houssaye 1992, p. 42). François Lombard (2007) revisite ce modĂšle afin dâanalyser des scĂ©narios pĂ©dagogiques dans lesquels est intĂ©grĂ©e une ressource numĂ©rique, appelĂ©e ici « dispositif technologique ou cyber-prof ». Les relations entre ressources, apprenants, savoir et maĂźtre se matĂ©rialisent dans une reprĂ©sentation graphique en quatre points (tĂ©traĂšdre). Ce modĂšle demande Ă ĂȘtre utilisĂ© selon un point de vue particulier, une face Ă la fois comme trois triangles distincts, occultant de ce fait au moins un des quatre pĂŽles.
Ces modĂšles, bien quâayant pour objectif lâanalyse des scĂ©narios pĂ©dagogiques, ne permettent pas de dĂ©crire lâutilisation des ressources numĂ©riques qui est au cĆur des activitĂ©s dâenseignement. Le recours Ă un modĂšle explicatif dâutilisation est donc un outil complĂ©mentaire Ă la nouvelle typologie visant Ă rendre compte de lâutilisation rĂ©elle de la ressource numĂ©rique, et ce, par chacun des utilisateurs. Le modĂšle pour lâanalyse des ressources que nous prĂ©sentons Ă la figure 2, bien quâinspirĂ© du triangle de Houssaye et du tĂ©traĂšdre de Lombard, a Ă©tĂ© conçu dans une tout autre perspective. Il vise Ă dĂ©crire lâutilisation des ressources numĂ©riques pour lâenseignement-apprentissage grĂące aux relations entre les pĂŽles : 1) la ressource numĂ©rique, 2) lâenseignant et 3) lâapprenant. Le pĂŽle supĂ©rieur correspond Ă la nature de la ressource numĂ©rique dĂ©finie grĂące Ă la typologie, sa fonction et ses caractĂ©ristiques prĂ©sentĂ©es dans la premiĂšre partie de cet article. Les pĂŽles enseignant et apprenant, quant Ă eux, correspondent aux postures pouvant ĂȘtre prises par lâutilisateur.
Figure 2. ModĂšle conceptuel opĂ©ratoire pour lâanalyse des ressources numĂ©riques.
Le modĂšle permet Ă©galement de visualiser les multiples relations qui unissent ses composantes, soit les relations entre 1) lâenseignant et la ressource numĂ©rique, 2) lâapprenant et la ressource numĂ©rique qui sont toutes deux tributaires de 3) la posture adoptĂ©e par lâutilisateur, soit enseignante ou apprenante. Cette derniĂšre face du triangle ne reprĂ©sente donc pas la relation enseignant-apprenant, mais bien celle de lâusager face Ă la ressource ; le passage fluide quâil peut effectuer dâune posture Ă lâautre selon le contexte. Chacune de ces relations sâinscrit sur un continuum indicateur de lâactivitĂ© dâenseignement et de lâactivitĂ© dâapprentissage, le tout selon la posture de lâutilisateur. Câest la considĂ©ration globale de lâensemble de ces relations, incluant la fonction et les caractĂ©ristiques de la ressource dĂ©ployĂ©e, qui permet ultimement de dĂ©crire lâutilisation qui sâen fait dans un contexte dâenseignement-apprentissage. Nous prĂ©sentons tout dâabord les parties constituantes du modĂšle, puis les relations qui le caractĂ©risent.
Parties constituantes du modĂšle
1. Utilisation
Lâutilisation des ressources, au cĆur de notre conceptualisation, est tributaire dâinfluences multiples. Dâune part, lâutilisation est dĂ©limitĂ©e par la nature, la fonction communicationnelle et les caractĂ©ristiques de la ressource. Rappelons que les ressources prĂ©sentent diffĂ©rentes modalitĂ©s quant Ă lâaccĂšs, la temporalitĂ© et le lieu dâutilisation, ainsi quâau contenu et Ă la langue dâutilisation. Dâautre part, elle est influencĂ©e par lâusage quâen font les utilisateurs et donc par lâobjectif poursuivi. De ce fait, notre modĂšle renvoie Ă lâutilisation rĂ©elle ou constatĂ©e dans la pratique et non Ă celle projetĂ©e par les concepteurs de la ressource. En effet, lâusage dâune ressource peut varier en fonction de lâappropriation quâen fera lâutilisateur, celui-ci pouvant adapter « lâoutil Ă ses besoins et le dĂ©tourne[r] de son usage prĂ©vu initialement, voire modifie[r] lâoutil lui-mĂȘme, rĂ©vĂ©lant des possibilitĂ©s dâĂ©volution » (Tricot et Chesné 2020, p. 19).
Dans le systĂšme scolaire quĂ©bĂ©cois, lâutilisation des ressources numĂ©riques dans un contexte dâactivitĂ© pĂ©dagogique est dĂ©finie par deux guides rĂ©fĂ©rentiels publiĂ©s par le ministĂšre de lâĂducation du QuĂ©bec : le Cadre de rĂ©fĂ©rence de la compĂ©tence numĂ©rique (2019, ci-aprĂšs Cadre) et le RĂ©fĂ©rentiel de compĂ©tences professionnelles. Profession enseignante (2020, ci-aprĂšs RĂ©fĂ©rentiel). Dâune part, lâutilisation des ressources numĂ©riques par les Ă©lĂšves vise lâacquisition de compĂ©tences numĂ©riques spĂ©cifiques. En effet, lâutilisation « liĂ©e au traitement de lâinformation, Ă la communication, Ă la crĂ©ation de contenu, Ă la sĂ©curitĂ© ou Ă la rĂ©solution de problĂšmes » (Cadre, p. 32) doit soutenir le dĂ©veloppement des douze dimensions constituantes de la compĂ©tence numĂ©rique. Dâautre part, le RĂ©fĂ©rentiel dĂ©termine les Ă©lĂ©ments que doivent maĂźtriser les enseignants dans le cadre de leur fonction. Il est ainsi attendu de lâenseignant quâil soit en mesure dâ« utiliser le numĂ©rique afin dâen faire bĂ©nĂ©ficier les Ă©lĂšves ainsi que lâensemble des actrices et acteurs Ă©ducatifs » (RĂ©fĂ©rentiel, p. 78). De ce fait, lâenseignant peut avoir recours aux ressources numĂ©riques non seulement comme outil dâenseignement, mais Ă©galement comme outil Ă des fins de formation professionnelle.
2. Ressource numérique : fonction et caractéristiques
Une ressource numĂ©rique utilisĂ©e dans un contexte scolaire « correspon[d] Ă lâensemble des services en ligne, des logiciels de gestion, dâĂ©dition et de communication » (Bibeau 2005, p. 2) mobilisĂ©s au service de lâapprentissage, prĂ©alablement conçus ou non Ă cet effet. Selon sa fonction et ses caractĂ©ristiques, la ressource numĂ©rique permet notamment dâĂ©changer, de transmettre ou dâapprĂ©hender des concepts dans le but dâenseigner ou de sâapproprier des savoirs (ibid. ; Puimatto 2004). En ce qui concerne la nature de la ressource, la typologie prĂ©sentĂ©e dans la premiĂšre partie de cet article permet de distinguer quatre catĂ©gories, soit : 1) document de rĂ©fĂ©rence, 2) rĂ©pertoire, moteur de recherche, catalogue et banque de donnĂ©es, 3) site et application simple ou complexe ou 4) portail, plateforme et portfolio personnalisĂ©.
Georges-Louis Baron et Michelle Harrari (2006) proposent une distinction des ressources liĂ©e Ă leur fonction. Reprenant cette idĂ©e, nous classons les ressources selon les trois fonctions identifiĂ©es dans lâanalyse de notre corpus que nous avons nommĂ©es gĂ©nĂ©rale, disciplinaire ou pĂ©dagogique. Ainsi, une ressource peut ĂȘtre au service de la transmission des connaissances sans contenir des savoirs disciplinaires Ă maĂźtriser, comme le logiciel Word. A contrario, une ressource peut ĂȘtre associĂ©e Ă un domaine prĂ©cis, comme le logiciel GarageBand, qui a une fonction disciplinaire. Finalement, une ressource peut constituer un environnement dâenseignement-apprentissage disciplinaire complet comportant des scĂ©narios liĂ©s Ă un programme de formation. La collection Tutti !, avec sa plateforme en ligne et ses cahiers numĂ©riques pour lâenseignant et lâapprenant, dans lesquels sont offerts toutes les ressources nĂ©cessaires Ă lâenseignement-apprentissage de la musique au 1er cycle du secondaire selon le programme de formation de lâĂ©cole quĂ©bĂ©coise, a une fonction pĂ©dagogique. Les caractĂ©ristiques dâune ressource numĂ©rique, quant Ă elles, correspondent aux fonctions et aux particularitĂ©s de la ressource, peu importe sa nature. Elles comprennent les modalitĂ©s dâutilisation (accĂšs, temporalitĂ© et lieu), la langue dâutilisation et le contenu, câest-Ă -dire lâappartenance Ă un champ disciplinaire ou non.
3. Lâutilisateur : enseignant et apprenant
Nous utilisons ici le terme enseignant pour dĂ©signer toute personne qui transmet un savoir, indistinctement de son statut dâemploi. Ainsi, un formateur qui prĂ©sente lâutilisation dâun logiciel, soit Ă des enseignants de profession ou Ă des Ă©lĂšves, est considĂ©rĂ© comme un utilisateur enseignant. De ce fait, un Ă©lĂšve peut adopter la posture dâenseignant lorsquâil transmet ses connaissances Ă un camarade de classe. Par consĂ©quent, nous dĂ©signons « enseignant » toute personne qui utilise une ressource numĂ©rique pour transmettre des connaissances. Le terme « maĂźtre » sera utilisĂ© pour indiquer lâemploi en Ă©ducation. Au mĂȘme titre, la posture dâ« apprenant » est dĂ©finie en fonction du processus dans lequel sâinscrit la personne utilisatrice, soit « une personne engagĂ©e dans un processus dâapprentissage » (Ketele et al. 2007, p. 216). Ainsi, tant lâĂ©lĂšve que le maĂźtre en formation continue peuvent occuper la posture dâapprenant. Par consĂ©quent, nous dĂ©signons comme « apprenant » toute personne qui utilise une ressource numĂ©rique pour apprendre.
Relations et usages
1. La relation enseignant-ressource : lâenseignement
Nous dĂ©finissons ici lâutilisation que fera lâenseignant de la ressource numĂ©rique dans la transmission des connaissances et le dĂ©veloppement des compĂ©tences comme le processus « enseignement » selon deux pĂŽles investis dans la relation. Ainsi, « lâenseignement » fluctue selon la nature et la place quâoccupe la ressource dans lâactivitĂ©. Cette relation enseignant-ressource permet dâidentifier si lâutilisation de la ressource numĂ©rique est lâobjet de lâenseignement ou si elle est au service de ce dernier, dit autrement, si la posture de lâenseignant est technocentrĂ©e (Couture 2020) ou non. Par exemple, dans le cadre dâune activitĂ© de crĂ©ation, un enseignant pourrait offrir une initiation au logiciel GarageBand afin que les apprenants puissent rĂ©aliser une crĂ©ation musicale. Le logiciel GarageBand serait donc le centre de lâactivitĂ© dâenseignement. Par contre, la mĂȘme ressource pourrait ĂȘtre utilisĂ©e par le maĂźtre pour rĂ©aliser une trame sonore qui servira Ă accompagner des Ă©lĂšves qui jouent une mĂ©lodie Ă la flĂ»te, devenant alors au service de lâenseignement.
2. La relation apprenant-ressource : lâapprentissage
Selon la tĂąche qui lui est assignĂ©e, lâapprenant concentrera son expĂ©rience dâapprentissage entre le dĂ©veloppement des compĂ©tences relatives Ă la maĂźtrise des outils technologiques et le dĂ©veloppement des compĂ©tences et savoirs disciplinaires. Dâune part, lâactivitĂ© peut ĂȘtre plus ou moins centrĂ©e sur le dĂ©veloppement de la compĂ©tence numĂ©rique de lâapprenant tel que prĂ©sentĂ©e prĂ©cĂ©demment (appropriation des nouvelles technologies, exploration du fonctionnement informatique, dĂ©veloppement de la pensĂ©e informatique) (Cadre). Ainsi, Ă lâimage de la relation enseignant-ressource, cet axe nous permet dâidentifier si lâutilisation de la ressource est technocentrĂ©e ou supporte un apprentissage disciplinaire. Reprenons lâexemple du logiciel GarageBand, celui-ci peut dâune part ĂȘtre simplement utilisĂ© comme une nouvelle technologie Ă sâapproprier. Dâautre part, les ressources numĂ©riques peuvent constituer un support facilitant lâacquisition des savoirs et des compĂ©tences disciplinaires (Benoit et Feuilladieu 2017). Ce serait le cas lors de lâutilisation de cette mĂȘme ressource (GarageBand) pour rĂ©aliser un projet de crĂ©ation musicale par les Ă©lĂšves.
3. Posture enseignant-apprenant : lâutilisateur
Contrairement aux propositions de Houssaye (1992) et de Lombard (2007), notre modĂšle ne porte pas sur la relation entre les personnes, mais plutĂŽt sur lâadoption de la posture enseignante ou apprenante par les utilisateurs. Cette face du triangle constitue un continuum qui permet le passage fluide dâune posture Ă lâautre selon le contexte dâutilisation. Selon la rĂ©cente mise Ă jour du RĂ©fĂ©rentiel ministĂ©riel prĂ©cĂ©demment nommĂ©, le maĂźtre devrait pouvoir utiliser les outils numĂ©riques afin de « dĂ©velopper et mobiliser ses habiletĂ©s technologiques » notamment, dans une « perspective de dĂ©veloppement personnel et professionnel » (RĂ©fĂ©rentiel, p. 79). Ainsi, ce modĂšle permet de prendre en compte cette rĂ©alitĂ©. Dans un contexte de formation continue, ou en autoformation, le maĂźtre adopte alors la posture de lâapprenant. De plus, lâĂ©lĂšve peut aussi emprunter la posture de lâenseignant, par exemple lorsquâil veut partager son savoir avec ses camarades ou avec le maĂźtre. De mĂȘme, il peut lui aussi apprendre de maniĂšre pleinement autonome grĂące aux ressources numĂ©riques.
Forces et limites des outils développés
Les outils prĂ©sentĂ©s dans cet article permettent dâanalyser lâutilisation des ressources numĂ©riques en enseignement de la musique en fonction de leur nature et de la posture prise par les utilisateurs. Cette proposition constituĂ©e de deux composantes, soit la typologie des ressources numĂ©riques et le modĂšle conceptuel opĂ©ratoire triangulaire, comporte des avantages et des limites.
La typologie nous permet dâĂ©tablir une catĂ©gorisation gĂ©nĂ©rale des ressources numĂ©riques en vue dâexpliquer leur utilisation dans lâenseignement-apprentissage de la musique dans les Ă©coles du QuĂ©bec pendant la pandĂ©mie. Bien quâelle nâoffre pas un classement exhaustif ni systĂ©matique de toutes les ressources numĂ©riques existantes et selon toutes les caractĂ©ristiques, elle rĂ©pond aux exigences de simplicitĂ© et de pertinence dâune typologie, grĂące Ă quatre catĂ©gories imbriquĂ©es constituant une mise Ă jour du modĂšle mis en place par Bibeau en 2005. De plus, elle est Ă©tablie Ă la suite dâune analyse de lâusage rapportĂ© des ressources numĂ©riques par les enseignants de musique du QuĂ©bec lors de la premiĂšre vague de la pandĂ©mie de 2020. Il nous faut aussi reconnaĂźtre quâĂ la lumiĂšre de lâĂ©volution des ressources numĂ©riques, cette typologie devra ĂȘtre mise Ă jour rĂ©guliĂšrement, voire remise en question pĂ©riodiquement.
La typologie sâintĂšgre au pĂŽle supĂ©rieur du modĂšle conceptuel opĂ©ratoire (figure 2 plus haut) en permettant de dĂ©crire la nature de la ressource analysĂ©e, selon sa fonction et ses caractĂ©ristiques. Le modĂšle sâadapte ainsi aux utilisations variĂ©es dâune mĂȘme ressource dans diffĂ©rents contextes. Notamment, il permet une identification nuancĂ©e des utilisateurs sur le continuum enseignant-apprenant selon les circonstances qui reflĂšte la rĂ©alitĂ©, par exemple pour la formation continue des maĂźtres. Lâusage de la ressource, quâil soit technocentrĂ© ou disciplinaire, peut Ă©galement ĂȘtre modulĂ© sur les axes Enseignement et Apprentissage. Ainsi, le modĂšle permet une fluiditĂ© dans lâanalyse de lâutilisation dâune ressource et de ses utilisateurs. Cette fluiditĂ© offre une diffĂ©rence importante avec le triangle de Houssaye (1992) et le tĂ©traĂšdre de Lombard (2007), dans lesquels lâutilisation des ressources par lâenseignant en absence de lâĂ©lĂšve se limite Ă la planification des scĂ©narios pĂ©dagogiques. De plus, notre modĂšle permet de mettre lâapprenant directement en relation avec la ressource numĂ©rique sans considĂ©rer une tierce partie intermĂ©diaire. Le binĂŽme « enseigner et apprendre » passe maintenant par la ressource sans Ă©gard au rĂŽle jouĂ© par la personne. Dâailleurs, notre modĂšle triangulaire sâadapte avec souplesse aux diffĂ©rentes formules pĂ©dagogiques actuelles : enseignement Ă distance, en prĂ©sence et bimodale, de mĂȘme que synchrone, asynchrone et hybride. Lorsque les ressources numĂ©riques sont choisies pour supporter lâenseignement-apprentissage, les mĂȘmes composantes du modĂšle se transposent aisĂ©ment dâune formule pĂ©dagogique Ă lâautre. Par ailleurs, la considĂ©ration de lâusage rĂ©el de la ressource permet de dĂ©crire lâutilisation concrĂšte indĂ©pendamment de ce qui avait Ă©tĂ© envisagĂ© par son concepteur. Ceci permet encore une fois dâobserver la fluiditĂ© de notre modĂšle qui laisse la possibilitĂ© Ă lâutilisateur de sâapproprier la ressource selon ses besoins spĂ©cifiques.
Les limites du modĂšle opĂ©ratoire tĂ©moignent des choix que nous avons faits en fonction de la recherche documentaire effectuĂ©e. Le modĂšle ne prend donc pas en compte les objectifs pĂ©dagogiques spĂ©cifiques poursuivis lors de situations dâenseignement-apprentissage. Il ne permet pas non plus de dĂ©crire la relation enseignant-Ă©lĂšve. Bien que nous reconnaissions lâimportance majeure de ces deux Ă©lĂ©ments, nous avons fait le choix dâĂ©tablir un modĂšle qui mette en lumiĂšre un aspect moins Ă©tudiĂ©, soit la relation Ă la ressource numĂ©rique en fonction des diffĂ©rentes postures des utilisateurs, dans une multitude de contextes possibles. Il ne sâagit donc pas ici dâun modĂšle global cherchant Ă expliquer tous les aspects de lâenseignement-apprentissage, mais davantage dâun modĂšle axĂ© sur lâutilisation du numĂ©rique dans ce contexte. Pour terminer, notre analyse nous permet de penser que les outils que nous proposons, la typologie et le modĂšle conceptuel triangulaire, pourront contribuer Ă une meilleure comprĂ©hension de lâutilisation des ressources numĂ©riques en contexte scolaire quĂ©bĂ©cois et Ă leur relation avec lâenseignement-apprentissage de la musique.
Conclusion
Si le gouvernement quĂ©bĂ©cois souhaitait dĂ©velopper les compĂ©tences numĂ©riques de la population depuis plusieurs annĂ©es, la situation sanitaire a accĂ©lĂ©rĂ© le processus obligeant les Ă©coles Ă migrer vers lâenseignement en ligne. Ătant donnĂ© les dĂ©fis auxquels font face les enseignants de musique des Ă©coles primaires et secondaires au QuĂ©bec, il nous est apparu important dâĂ©tudier les ressources quâils ont utilisĂ©es pendant la pandĂ©mie. Pour ce faire, nous avons effectuĂ© une recherche documentaire afin dâĂ©laborer des outils conceptuels permettant lâanalyse des ressources numĂ©riques et leur utilisation. Nous nous sommes appuyĂ©es sur les travaux dâautres chercheurs et les ressources utilisĂ©es par les enseignants de musique afin de dĂ©velopper une typologie qui rend compte de lâĂ©volution de la technologie numĂ©rique.
Cependant, puisquâune classification des ressources ne rend pas compte de lâutilisation rĂ©elle de celles-ci, nous avons dĂ©veloppĂ© un modĂšle conceptuel opĂ©ratoire. En effet, les raisons pour lesquelles une ressource a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e et sa fonction telle que projetĂ©e par le concepteur ne correspondent pas nĂ©cessairement Ă lâusage rĂ©el des diffĂ©rents acteurs. Nous avons donc dĂ©veloppĂ© un modĂšle triangulaire permettant de cibler les relations entre les utilisateurs et la ressource dans des processus dâenseignement-apprentissages. Bien que ces outils conceptuels aient Ă©tĂ© conçus pour Ă©tudier les ressources utilisĂ©es dans le cadre de lâenseignement-apprentissage de la musique dans le systĂšme scolaire quĂ©bĂ©cois, ceux-ci nous apparaissent Ă©galement pertinents Ă dâautres disciplines et dâautres pays. Il nous apparaĂźt quâune gĂ©nĂ©ralisation Ă dâautres domaines pĂ©dagogiques, de mĂȘme quâĂ des contextes distincts du systĂšme scolaire quĂ©bĂ©cois, soit possible et souhaitable.
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RMO_COVID_Héroux-et-al |
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Citation
- Référence papier (pdf)
Isabelle HĂ©roux, HĂ©lĂšne Boucher, Catherine Tardif, et Audrey-Kristel Barbeau, « DĂ©veloppement dâoutils pour lâanalyse des ressources numĂ©riques utilisĂ©es pour lâenseignement de la musique en contexte scolaire quĂ©bĂ©cois pendant la pandĂ©mie », Revue musicale OICRM, numĂ©ro hors sĂ©rie, 2022, p. 1-20.
- Référence électronique
Isabelle HĂ©roux, HĂ©lĂšne Boucher, Catherine Tardif, et Audrey-Kristel Barbeau, « DĂ©veloppement dâoutils pour lâanalyse des ressources numĂ©riques utilisĂ©es pour lâenseignement de la musique en contexte scolaire quĂ©bĂ©cois pendant la pandĂ©mie », Revue musicale OICRM, numĂ©ro hors sĂ©rie, 2022, mis en ligne le 14 mars 2022, https://revuemusicaleoicrm.org/rmo-hors-serie-2022/ressources-numeriques/, consultĂ© leâŠ
Autrices
Isabelle Héroux, Université du Québec à Montréal
Isabelle HĂ©roux est professeure titulaire de guitare et de pĂ©dagogie au DĂ©partement de musique de lâUniversitĂ© du QuĂ©bec Ă MontrĂ©al (UQĂM). Ses recherches portent sur la pĂ©dagogique et la didactique instrumentale, lâenseignement musical en contexte scolaire, la recherche-crĂ©ation en interprĂ©tation de la guitare et les processus crĂ©atifs. Elle est membre du laboratoire de recherche en enseignement de la musique du dĂ©partement de musique de lâUQĂM (LAREM), de lâObservatoire interdisciplinaire de crĂ©ation et de recherche en musique (OICRM), du Groupe de recherche interdisciplinaire sur les arts vivants (GRIAV) et du Laboratoire de recherche en formation auditive et en didactique instrumentale (LARFADI).
HélÚne Boucher, Université du Québec à Montréal
HĂ©lĂšne Boucher est professeure en pĂ©dagogie musicale Ă lâUniversitĂ© du QuĂ©bec Ă MontrĂ©al (UQĂM). ParallĂšlement Ă sa formation acadĂ©mique, elle a enseignĂ© la musique pendant plus de 15 ans, tant au prĂ©scolaire quâau primaire. Elle est certifiĂ©e pour enseigner la formation KodĂĄly par lâorganisation amĂ©ricaine des Ă©ducateurs KodĂĄly. Elle a reçu plusieurs prix pour lâexcellence de son enseignement tant au primaire quâĂ lâuniversitĂ©. Ses recherches portent sur lâanxiĂ©tĂ© de performance musicale chez les jeunes ; sur lâadaptation culturelle, en français pour le QuĂ©bec, de lâapproche Kodaly ; sur les jeux musicaux de cours dâĂ©cole comme outil pĂ©dagogique ; et sur le rĂŽle de la musique dans le dĂ©veloppement socio-Ă©motionnel en petite enfance.
Catherine Tardif, Université de Sherbrooke
BacheliĂšre en musique de lâUniversitĂ© du QuĂ©bec Ă MontrĂ©al (UQĂM), Catherine Tardif est enseignante spĂ©cialiste en musique au primaire. En 2012, elle fonde lâĂ©cole de musique La clef des sons. Deux ans plus tard, elle signe un album pour enfants jumelĂ© Ă un cahier dâanimation pĂ©dagogique pour les centres de la petite enfance. PrĂ©sentement candidate Ă la maĂźtrise en sciences de lâĂ©ducation, Ă la FacultĂ© dâĂ©ducation de lâUniversitĂ© de Sherbrooke, ses travaux portent sur les pratiques dâenseignement de la musique, lâanxiĂ©tĂ© de performance musicale et le bien-ĂȘtre en classe des Ă©lĂšves au primaire.
Audrey-Kristel Barbeau, Université du Québec à Montréal
Audrey-Kristel Barbeau est professeure en pĂ©dagogie musicale Ă lâUniversitĂ© du QuĂ©bec Ă MontrĂ©al (UQĂM) depuis 2017. Elle possĂšde une maĂźtrise et un doctorat en Ă©ducation musicale de lâUniversitĂ© McGill et se spĂ©cialise en musique participative dans le milieu communautaire. Elle fait de la recherche sur la musique et le stress, sur les effets de lâapprentissage musical sur la santĂ© des aĂźnĂ©s, ainsi que sur lâimpact des technologies sur les pratiques des musiciens amateurs. Elle est membre de lâObservatoire interdisciplinaire de crĂ©ation et de recherche en musique (OICRM), de lâInstitut santĂ© et sociĂ©tĂ© (ISS), ainsi que du Centre de recherche en musique, mĂ©dia et technologies (CIRMMT).
Notes
↵1 | Dans cet article, lâemploi du masculin pour dĂ©signer des personnes nâa dâautres fins que celle dâallĂ©ger le texte. |
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↵2 | Lâenseignement « bimodal » ou « comodal » permet de joindre des Ă©lĂšves en ligne et en prĂ©sence de façon simultanĂ©e (Gobeil-Proulx 2019). Seule lâexpression « enseignement bimodal » est utilisĂ©e dans le texte pour faciliter la lecture. |
↵3 | Tous les liens ont Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©s le 28 janvier 2022. |