Comme un port(ique) dans la tempête. Note de terrain sur une chorale amatrice adulte de synagogue pendant la pandémie

Carol Shansky

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Résumé

Cette note de terrain relate les expériences d’une chorale amatrice adulte de synagogue au cours des deux années de la pandémie de COVID-19. Les observations de la cheffe de chœur comprennent notes et réflexions sur le sens de la musique dans la vie des membres de la chorale, les défis rencontrés par l’ensemble pour continuer à répéter malgré la fermeture et les différentes façons dont les défis ont été relevés.

Mots clés : apprentissage des adultes ; chorale ; musique communautaire ; musique de synagogue ; pandémie.

 

La pandémie mondiale a entraîné l’arrêt des activités, y compris celles des groupes de musique communautaires. Cette note de terrain retrace les activités d’une chorale amatrice adulte de synagogue, ainsi que les défis et motivations derrière le travail continu de ses membres pendant la pandémie de COVID-19. La période d’observation s’étend de mars 2020 (au moment de l’arrêt des activités hors domicile) jusqu’en mars 2022. La pandémie et les restrictions qui en ont découlé ont eu un impact significatif sur la chorale, tout en illustrant le sens que l’acte de chanter et de participer à une communauté musicale prend dans la vie de ses membres.

Kol Emet (« Voix d’Emeth ») est une chorale amatrice d’adultes au Temple Emeth, situé à Teaneck, New Jersey (tout juste à l’extérieur de New York). Elle fait partie de la vie du temple depuis plus de 40 ans et, plus important encore, elle constitue une part importante de la vie de ses membres. Je suis leur cheffe de choeur depuis cinq ans. Les chanteur·euse·s sont généralement âgé·e·s de 60 ans et plus, même si un·e ou deux ont une cinquantaine d’années et un autre est dans la vingtaine. Quelques-un·e·s d’entre eux·elles chantent dans d’autres chœurs et ont suivi une formation, mais pour la plupart, nos répétitions hebdomadaires constituent le seul moment où il·elle·s chantent. Certain·e·s lisent la musique, d’autres non ; la majorité du groupe apprend plutôt les partitions par cœur. Plusieurs choristes font partie de l’ensemble depuis plus de 20 ans tandis que d’autres l’ont rejoint récemment. Traditionnellement, la chorale se réunit chaque semaine tout au long de l’année liturgique, en commençant par les Grandes fêtes (Rōsh Hashānāh [« début de l’année »] et Yom Kippūr [ou jour du Grand Pardon]) à l’automne et en chantant lors de trois autres services de Shabbat au cours de l’année, y compris Kristallnacht (« la nuit de Cristal », un service qui commémore l’horrible attaque contre les Juifs du 9 novembre 1938), Hanoucca (fête des Lumières), Shabbat Shirah (« sabbat du chant ») et le Shabbat de la Fierté (célébrant la communauté LGBTQ+).

Figure 1 : Kol Emet dans le stationnement du Temple Emeth, juin 2020 Photo publiée avec l’aimable autorisation de Barbara Balkin.

 

Le stationnement chante

Nous prenons généralement une pause hivernale de la fin janvier à la mi-mars, ce qui permet aux « snowbirds » qui passent l’hiver en Floride de ne pas manquer les répétitions, tout en évitant aux autres membres de la chorale de conduire trop souvent dans des routes sombres et parfois verglacées. En 2020, nous nous préparions à peine pour notre première répétition après la pause lorsque toutes les institutions du New Jersey, y compris religieuses, ont été fermées en raison de la pandémie. Ce que nous pensions être une prolongation de quelques semaines de notre pause est finalement devenu une absence beaucoup plus longue. Les membres de la chorale ont commencé à exprimer leur tristesse de ne pas se réunir pour les répétitions régulières. Cela semblait principalement dû à la perte de l’expérience communautaire de chanter ensemble et de créer des liens. Ainsi, à la fin juin 2020, j’ai proposé que nous nous rencontrions dans le stationnement de la synagogue juste pour nous réunir et chanter en reprenant tout simplement des chansons familières – à bonne distance les un·e·s des autres et entièrement masqué·e·s. Presque tou·te·s les membres de la chorale sont venu·e·s, ainsi que quelques autres membres du temple, et le sentiment de joie et même de soulagement de pouvoir se voir et chanter ensemble était palpable. Même le pianiste, qui est un employé rémunéré, ne m’a pas remerciée pour le concert, mais plutôt pour l’occasion de refaire de la musique. Je me suis retrouvée en larmes pendant qu’il·elle·s chantaient « Oseh Shalom » (« Prière pour la paix »).

Les rencontres dans le stationnement n’étaient pas pensées pour être continues, et ont eu lieu seulement deux fois. Le mois de juillet dans la région métropolitaine de New York peut être assez chaud et humide, nous avons donc évité de rester dehors pendant une longue période, surtout avec des masques.

Le mois d’août est généralement le moment où nous commençons à répéter pour les grandes vacances, car la chorale joue un rôle essentiel dans les services du soir, un moment fort de notre année de chant. Nous avons dû affronter la triste nouvelle que nous ne ferions pas partie des services des fêtes de fin d’année 2020, qui seraient à l’intérieur pour le clergé, mais diffusés en direct pour tou·te·s les fidèles. Il n’y avait aucun moyen d’inclure le chœur. Enregistrer une partie de la musique à l’extérieur était impossible, aussi bien en raison des défis soulevés par ce type d’enregistrement et le produit qui en résulte qu’à cause des bruits environnants et de la circulation (la route sur laquelle se trouve le temple est parallèle à une ligne de train de marchandises très achalandée). Les membres ont exprimé la détresse que leur faisait vivre cette perte dans leur vie personnelle. Je dois admettre que même si la décision de ne pas inclure la chorale n’était pas la mienne, j’ai alors ressenti une profonde culpabilité et un sentiment de responsabilité pour le bien-être de l’ensemble. En réaction à cette situation et réalisant que la pandémie ne se terminerait certainement pas de sitôt, j’ai proposé que nous recommencions à nous rencontrer, cette fois sous l’entrée du bâtiment, un portique, en pensant que même s’il ne s’agissait pas de vrais murs, l’espace fournirait une certaine mesure d’amélioration acoustique et surtout un sentiment de proximité entre les membres, malgré la distanciation physique que nous continuions à maintenir.

 

Sous le portique

Comme on peut le voir sur la figure 2, l’entrée du Temple Emeth est couverte et définie par des piliers en pierre. Nous avons installé des chaises en rangées comme ce serait le cas dans une salle de répétition intérieure, ce qui a créé une atmosphère plus propice à la pratique que le stationnement. Les chanteur·euse·s étaient plus concentré·e·s et mieux capables de m’entendre.

Nous avons répété tout au long de l’automne 2020 sous le portique, masqué·e·s, physiquement distancé·e·s et habillé·e·s de plus en plus chaudement, jusqu’à ce qu’il fasse vraiment trop froid pour continuer à se rencontrer à l’extérieur. Les membres du chœur semblaient vraiment apprécier l’expérience ; une fois de plus, cela illustre le rôle essentiel que jouent les communautés musicales dans la vie des gens qui en font partie. Comme précédemment dans le stationnement, la plupart des membres venaient chaque semaine, alors même que les températures baissaient au fur et à mesure que nous avancions vers le mois d’octobre.

Figure 2 : L’entrée du Temple Emeth, 2019. Photo publiée avec l’aimable autorisation de Barbara Balkin.

En tant que cheffe de chœur, je ne peux pas dire que c’est un mode de répétition très efficace. Les membres de ce groupe sont habitué·e·s à apprendre par cœur et par imitation, et la distanciation faisait en sorte qu’il·elle·s ne pouvaient pas entendre la personne à côté d’eux·elles. En raison de la distance et des masques, je ne pouvais pas entendre leur son complet, un problème aggravé par la dissipation de leur son dans l’environnement extérieur. J’ai dû choisir une musique un peu plus simple que celle à laquelle il·elle·s étaient habitué·e·s, donnant la priorité à l’action même de chanter plutôt qu’à la préparation d’un spectacle. Un problème supplémentaire est qu’il·elle·s devaient apporter leurs propres chaises, qui étaient généralement des chaises de jardin pliables, ce qui générait une mauvaise posture. Il n’était pas raisonnable pour ce groupe d’âge de se tenir debout pendant une répétition entière, mais les problèmes de posture ont également eu un impact sur le son.

En novembre, il faisait trop froid pour rester dehors. C’est un groupe intrépide, mais j’ai dû prendre la décision de devancer notre pause hivernale. Je me suis demandé combien de temps il·elle·s auraient pu durer ! La réponse est venue, en fait, à Hanoucca, début décembre. Nous nous sommes rencontré·e·s pour passer en revue quelques chansons, puis avons participé à la célébration de la congrégation de Hanoucca, sur le stationnement. Il faisait froid, mais je n’ai vu que de la joie et de l’excitation sur les visages des membres de la chorale à l’idée de retrouver dans une certaine mesure leur rôle dans la vie du temple, et de diriger la congrégation par leur chant.

Figure 3 : Kol Emet chantant au service de Hanoucca, décembre 2020. Photo publiée avec l’aimable autorisation de Barbara Balkin.

Le printemps 2021 a amené un redémarrage de nos répétitions sous le portique, car le bâtiment demeurait fermé. Nous étions tous d’accord pour dire que ce n’était pas une configuration de répétition idéale, mais il était plus important pour les membres de chanter, alors nous avons continué.

Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est le haut niveau de participation. Nous avons même attiré au moins un·e nouveau·elle membre ! L’idée de répétitions Zoom a été lancée, mais l’intérêt n’y était pas, car chanter seul·e devant la caméra n’était pas ce que les membres de la chorale voulaient ou ce dont il·elle·s avaient besoin. Il est clair pour moi que le plus important, c’est l’interaction sociale que procure la participation à la chorale. Même en l’absence de service dans le cadre duquel l’on chante, c’est l’action de chanter ensemble, l’aspect social de la création musicale qui est au cœur de cette entreprise d’éducation musicale.

Figure 4 : La cour du Temple Emeth, 2019. Photo publiée avec l’aimable autorisation de Barbara Balkin.

 

Dans la cour

Les membres de la chorale ont été entièrement vacciné·e·s contre la COVID-19 à la fin du printemps 2021. Nous commencions à nous lasser de répéter à l’extérieur à la merci des intempéries, mais la direction de la synagogue s’inquiétait de nous voir aller à l’intérieur. Le bâtiment était encore officiellement fermé et même si faire chanter la chorale à l’extérieur est un scénario de répétition médiocre, laisser un groupe plutôt qu’un autre utiliser le bâtiment posait un problème, ce qui nous a empêché·e·s de retourner répéter dans le sanctuaire. Le spectre de la tristement célèbre répétition d’une chorale d’église au cours de laquelle de nombreuses personnes ont contracté la COVID-19 a continué de planer, même si cela s’est produit au tout début de la pandémie1La Skagit Valley Chorale de Mount Vernon, Washington, a tenu sa répétition régulière le 10 mars 2020, comme d’habitude. Personne n’était au courant des dangers du coronavirus et la fermeture de l’État n’avait pas encore eu lieu (elle sera déclarée deux semaines plus tard). Un membre ignorait qu’il était porteur du virus et celui-ci s’est largement répandu dans le groupe. 53 des 61 chanteur·euse·s sont tombé·e·s malades et deux sont décédé·e·s (Geggel 2020 ; Hamner et al. 2020)..

J’ai demandé que la chorale soit autorisée à chanter dans une cour intérieure du bâtiment. Étant donné que les membres devaient traverser un couloir fermé pour s’y rendre, cela nécessitait l’approbation du conseil d’administration. J’ai dû insister, mais on nous a finalement donné la permission. Nous devions rester masqué·e·s et distancié·e·s dans cet espace, même si je dois admettre que la distance se rétrécissait.

Les répétitions dans la cour représentaient une certaine amélioration de nos conditions musicales, car les murs de briques offraient un soutien acoustique. Cependant, nous étions toujours soumi·e·s aux conditions météorologiques et 2021 a été un été pluvieux. Malgré tout, nous avons continué à travailler.

À la mi-juillet 2021, la chaleur et l’humidité ont rendu les répétitions à l’extérieur très difficiles, aussi bien dans la cour que sous le portique. Les membres de la chorale ont continué à venir, malgré les plaintes concernant l’humidité et l’inconfort de porter des masques dans ces conditions. L’ouverture officielle du bâtiment a été annoncée pour le 28 août, mais attendre un mois de plus était davantage que ce que l’ensemble pouvait supporter. J’ai fait pression pour obtenir une exception, et les membres de la chorale qui étaient impliqué·e·s dans la direction (ou qui tout simplement n’avaient pas peur de harceler les membres du conseil d’administration) ont également parlé à qui il·elle·s pouvaient ; à la fin du mois de juillet, nous avons reçu l’autorisation de répéter à l’intérieur, dans la salle sociale, où nous pouvions mieux nous distancier.

Étant donné que tout le monde était vacciné et que la pandémie semblait s’atténuer, nous avons rendu les masques facultatifs. C’était comme un retour à la normale et on pouvait voir à quel point les membres de la chorale étaient heureux·euses. Nous avons eu des répétitions productives et agréables. Cependant, début août 2021, le nouveau variant Delta se répandait dans la région de New York et quelques membres de la chorale étaient mal à l’aise que tout le monde ne porte pas de masque. À ce moment-là, j’ai reçu un mot du rabbin et du chantre disant que la chorale pourrait participer aux services pour les Grandes fêtes, qui allaient être offerts dans un format hybride : les fidèles auraient le choix d’être dans le sanctuaire – masqué·e·s – ou de suivre les cérémonies en ligne, alors que la chorale chanterait dans le sanctuaire.

 

Répétitions pour les Grandes fêtes

Bien que ce fût une nouvelle merveilleuse et bienvenue, cela a généré un nouveau problème : la zone de la chorale dans le sanctuaire est assez étroite, ce qui fait en sorte que dans un service typique, les membres de la chorale sont côte à côte. Un sondage rapide auprès des membres a révélé que beaucoup étaient mal à l’aise d’être assi·se·s si près les un·e·s des autres, et que plusieurs ne chanteraient pas le service si la disposition habituelle des sièges était retenue. Nous devions donc étudier d’autres possibilités qui permettraient une meilleure distanciation, tout en assurant l’audibilité du chant malgré les masques et la visibilité du chœur dans la retransmission en ligne et en direct. Un autre défi ! Nous avons décidé de chanter sur des bancs, en nous tournant sur le côté pour faire face à la congrégation – et aux caméras.

En tant que cheffe de chœur, j’étais confrontée au défi de chanter un long service avec des masques et des robes de chœur. Nous l’avons essayé et la chaleur et l’inconfort résultant de cette combinaison étaient suffisants pour que je décide que nous chanterions moins de pièces que par le passé afin de donner aux membres de la chorale le sentiment qu’il·elle·s jouaient à nouveau leur rôle dans les principaux services des fêtes, mais sans compromettre leur voix et leur santé. C’était un autre ajustement, mais il·elle·s se sont montré·e·s à la hauteur et ont très bien chanté, malgré la nouvelle disposition de la chorale (qui m’a obligée à me tenir debout sur un escabeau pour être vue de tou·te·s). Bien qu’il ne s’agisse pas d’un retour à la « normale », le fait qu’il·elle·s fassent partie du service, ce rôle essentiel pour la chorale, était significatif aussi bien pour eux·elles que pour la congrégation.

Figure 5 : Kol Emet sur les bancs du sanctuaire du Temple Emeth, septembre 2021. Photo publiée avec l’aimable autorisation de Barbara Balkin.

 

Après les Fêtes : défis des répétitions à l’intérieur

Après les Grandes fêtes, nous avons continué à travailler dans la zone des bancs. Les membres du chœur sont resté·e·s masqué·e·s en raison du variant Delta, et nous laissions deux ou trois sièges vides entre chaque personne pour maintenir une certaine distanciation physique. Cette pratique est également conforme à la politique du temple concernant le port du masque et les sièges dans le sanctuaire (toute personne dans le bâtiment du temple doit par ailleurs être vaccinée).

Kol Emet devait chanter lors des services réguliers, et avoir quelque chose à préparer était une source de motivation. Si le fait de chanter pour le plaisir a permis aux membres du chœur de traverser le pire de la pandémie, il était également important d’avoir un objectif et de faire partie de la vie spirituelle du temple.

Il y avait encore des défis, bien sûr. Dehors, il était difficile d’entendre ce que chantaient les autres, ce qui rendait ardu l’apprentissage par imitation. Si chanter à l’intérieur permet de mieux entendre, la distance et le masquage demeuraient des problèmes. Porter des masques en chantant a été une source de stress, en raison notamment des difficultés de respiration productive. Les choristes ont essayé que cela fonctionne, ce qui démontre vraiment leur résilience. Être assis·e sur des bancs n’est pas bon pour la posture, je dois donc les faire se tenir debout davantage. Cela représente un défi pour plusieurs des membres qui ont des problèmes de mobilité.

Nous devions chanter au service de Shabbat Shira en janvier 2022, un service qui a toujours eu une importance particulière pour Kol Emet. J’ai été déclarée positive au COVID-19 le 4 janvier et cette performance a donc dû être annulée. C’était décevant pour la chorale, et cela a été suivi par notre pause hivernale prévue. Le moment était bon, car le sous-variant ba.2 du variant Omicron commençait à s’imposer dans la région.

 

Mars 2022

Deux ans jour pour jour après le moment où nous avons été confronté·e·s à une fermeture complète, Kol Emet s’est réuni dans le sanctuaire dans un contexte où le masque était facultatif (conformément à la politique du temple en mars 2022). Il est à noter qu’au moins la moitié du chœur a choisi de continuer à porter le masque. Les membres du Temple Emeth ont été, dans l’ensemble, particulièrement prudent·e·s face au virus. Mais il y avait un sentiment d’« être de retour », différent de ce que nous avions vécu en décembre 2021. Notamment, deux membres qui ne s’étaient pas senti·e·s à l’aise de participer à nos répétitions en salle jusqu’à présent revenaient maintenant, masqué·e·s, ce que j’ai trouvé très encourageant.

Au moment d’écrire ces lignes, en mars 2022, il y a un débat sur la question de savoir s’il faut rester sur les bancs où nous pouvons nous distancier un peu, ou retourner dans la zone de la chorale, où les membres devraient s’asseoir presque côte à côte. J’ai décidé que nous retournerions peu à peu à nos répétitions en restant sur les bancs. Le fait que certain·e·s soient arrivé·e·s masqué·e·s pour la première répétition semble indiquer que c’était une bonne décision. Les répétitions du printemps 2022 nous ont fait travailler sur la musique du Shabbat de la Fierté du 17 juin.

 

Quelques avantages cachés

Même si j’aurais préféré que rien de tout cela ne se produise, le fait que nous devions chanter dehors sous le portique m’a donné l’occasion de faire quelques changements dans la façon dont l’ensemble est géré et le type de musique qu’il interprète.

Parce que ce groupe possède une variété de capacités de chant et que beaucoup apprennent par cœur, je les ai amené·e·s vers un répertoire plus accessible, par rapport aux œuvres chorales à grande échelle sélectionnées par le chef précédent. Cette période m’a permis d’accélérer cela.

Au début de la pandémie, il y avait des inquiétudes concernant la transmission du virus par l’intermédiaire d’objets, ce qui a fait en sorte que notre pratique consistant à faire des copies de la musique pour tout le monde, plus des extras, a dû être interrompue. Au lieu de cela, nous envoyons désormais des pdf et demandons aux membres d’imprimer les partitions à la maison. C’est une bonne chose, car nous avons considérablement réduit notre consommation de papier. Il s’agit, en outre, d’un exemple de tikkun olam, un commandement pour améliorer le monde.

Kol Emet a fait preuve de résilience et de force pendant cette période difficile. Son parcours des deux dernières années montre bien à quel point les communautés musicales représentent une part essentielle de la vie de leurs membres. Je ne doute pas que l’avenir nous amènera d’autres défis à relever, mais je suis convaincue que les membres du chœur continueront à donner la priorité au chant collectif : s’il le faut, nous pouvons toujours retourner sous le portique.

 

Bibliographie

Geggel, Laura (2020), « How a Superspreader at Choir Practice Sickened 52 People with COVID-19 », Live Science, 14 mai, https://www.livescience.com/covid-19-superspreader-singing.html, consulté le 22 juin 2022.

Hamner, Lea, et al. (2020), « High sars-CoV-2 Attack Rate Following Exposure at a Choir Practice — Skagit County, Washington, March 2020 », Morbidity and Mortality Weekly Report (MMWR), vol. 69, no 19, (15 mai), p. 606-610, https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69/wr/mm6919e6.htm#:~:text=Following%20a%202.5%2Dhour%20choir,were%20hospitalized%2C%20and%20two%20died, consulté le 22 juin 2022.


PDF

RMO_vol.9.2_Shansky_FR

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Citation

  • Référence papier (pdf)

Carol Shansky, « Comme un port(ique) dans la tempête. Note de terrain sur une chorale amatrice adulte de synagogue pendant la pandémie », Revue musicale OICRM, vol. 9, no 2, 2022, p. 156-165.

  • Référence électronique

Carol Shansky, « Comme un port(ique) dans la tempête. Note de terrain sur une chorale amatrice adulte de synagogue pendant la pandémie », Revue musicale OICRM, vol. 9, no 2, 2022, mis en ligne le 27 décembre 2022, https://revuemusicaleoicrm.org/rmo-vol9-n2/comme-un-port-ique_FR/, consulté le…


Autrice

Carol Shansky, New Jersey City University

Carol Shansky, DMA (Boston U), MM (Boston U), BM (Ithaca) est professeure adjointe/coordonnatrice de l’éducation musicale à la New Jersey City University. Publiée dans Journal of Musicological Research, Journal of Historical Research in Music Education, RIME et Tempo, elle a présenté des conférences lors de colloques tels que CMS, NJMEA, NAMM, NFA, ISSME. Elle est l’autrice de Musical Tapestries. A Thematic Approach to Music Appreciation (Kendall Hunt) et de The Hebrew Orphan Asylum Band. Community, Culture and Opportunity (Cambridge Scholars).

Notes

Notes
1 La Skagit Valley Chorale de Mount Vernon, Washington, a tenu sa répétition régulière le 10 mars 2020, comme d’habitude. Personne n’était au courant des dangers du coronavirus et la fermeture de l’État n’avait pas encore eu lieu (elle sera déclarée deux semaines plus tard). Un membre ignorait qu’il était porteur du virus et celui-ci s’est largement répandu dans le groupe. 53 des 61 chanteur·euse·s sont tombé·e·s malades et deux sont décédé·e·s (Geggel 2020 ; Hamner et al. 2020).

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