Vient de paraître : « Sons et esthétiques dans la protestation sociale. Mouvements post-altermondialistes », Filigrane, no 28 (2023).
Rédaction en chef : Rosalía Martínez.
« Depuis les années 2010, partout dans le monde, des mouvements sociaux de grande amplitude se lèvent en protestant contre les inégalités et injustices de leurs sociétés. Dans ces mobilisations, la centralité de la subjectivité, de la construction et de l’expression des affects et des émotions ou de la matérialité des corps – se manifestant à travers des pratiques chorégraphiques, des inscriptions corporelles, des travestissements et d’autres procédés – a été amplement remarquée. Les expériences que l’on peut qualifier d’“esthétiques” au sens étymologique du terme (aisthésis) ou au sens plus classique, y ont un rôle prépondérant. Ces expériences esthétiques proviennent de l’engagement d’artistes reconnus comme tels, impulseurs de diverses formes d’artivisme, ou résultent de l’investissement inventif des manifestants. Elles produisent du commun et du divers en faisant de l’action collective une expérience transformatrice qui, selon les témoignages des différents participants, fonctionne comme une sorte de préfiguration des formes de vie sociale auxquelles on aspire.
Si de nombreux travaux ont été consacrés à l’étude des productions graphiques de ces mouvements sociaux ou se concentrent sur les performances – entendues comme des combinaisons en diverses proportions de modalités expressives telles que la musique, la danse, le déguisement ou l’énonciation théâtrale –, peu d’études explorent les pratiques sonores et musicales. Ce numéro de la revue Filigrane. Musique, esthétique, science, société souhaite contribuer à combler ce vide à travers la présentation de cas d’étude qui ont en commun un regard basé sur l’expérience de la rue. En effet, une partie importante des textes recueillis ici est écrite par des chercheurs engagés dans ces mouvements, interagissant de manière impliquée avec les autres acteurs et participant à la puissante sociabilité qui s’en dégage.
Au commencement du projet, nous avions pensé nous focaliser sur deux pays, le Chili et la France, qui connurent de grands mouvements sociaux pratiquement à la même époque, juste avant l’épidémie du Covid (2019-2020). Nous avons rapidement élargi le champ géographique en intégrant deux autres pays de l’Amérique latine, l’Équateur et le Guatemala ainsi que deux autres pays du continent européen, la Grèce et l’Ukraine. Plurivocal, ce numéro comprend aussi bien des articles que des entretiens. Par ailleurs, il inaugure une nouvelle rubrique hors-thème, “Notes de terrain”, avec un article décrivant une mission de field recording le long du fleuve Paraná en Argentine. »
Pour plus de détails : cliquez ici.