Vient de paraître : Socio-anthropologie, no 41 (2020), « Bruits et chuchotements », dir. par Christophe Granger et Anne Monjaret.
« L’univers des pratiques sonores est aujourd’hui au cœur de l’un des plus vifs renouvellements des sciences sociales. Il s’agit ici de se concentrer sur les bruits de l’intimité. Que sait-on, par exemple, des usages du silence dans les pratiques familières de la maisonnée ou dans les modalités du recueillement, du “parler bas” dans les rapports sociaux de travail, du chuchotement qui organise l’entre-soi du ragot ou de la médisance, ou encore du recours au gémissement dans l’acte amoureux ? Que peut-on savoir de la façon dont s’organise, en privé, différemment selon les temps, les cultures et les classes, la longue disqualification sociale des bruits du corps (roter, péter, siffler, etc.) ? C’est donc cet ordre ordinaire du sonore qui est au centre de ce numéro. Pour y parvenir, il met à l’œuvre une réflexion pluridisciplinaire sur les formes d’objectivation particulières que commande cet objet difficile à saisir que constituent par exemple la dispute des voisins ou les messe-basse des collègues de travail. Poser ainsi le problème du sonore revient à vouloir prendre au sérieux non seulement les raisons d’être du bruit en société, mais les mécanismes sociaux suivant lesquels le sonore devient à la fois une ressource “pratique” pour les acteurs et un mode de production “sensible” de la société où ils sont pris. »
Disponible en ligne : https://journals.openedition.org/socio-anthropologie/.