Vient de paraître : Quand les musiciens de jazz (s’)écrivent, sous la dir. de Pierre Fargeton et Yannick Séité, Paris, Hermann, 2023, 400 pages.
« Nul hasard si, dès 1971, le pianiste Ben Sidran sous-titrait son ouvrage Black Talk par la formule : How the Music of Black America Created a Radical Alternative to the Values of Western Literary Tradition. Dans une tradition qui a largement revalorisé la place et la fonction de l’oralité, dans une pratique musicale qui a parfois supprimé tout recours à la trace écrite et qui a souvent fait de l’improvisation un moyen d’expression perçu comme plus direct voire plus “naturel”, que nous disent les écrits de musiciens ? Notons que parmi les réponses de musiciens à la question posée en 1974 par Stanley Dance dans The World of Swing (“Musique mise à part, quelle est votre forme d’art favorite ?”), seules celles de Bud Freeman (“Literature and Theater”) et de Gene Ramey (“Poetry”) renvoient à l’univers des mots. Quant à la question “Si vous n’aviez pas fait de la musique votre métier, quelle profession embrasseriez-vous aujourd’hui ?”, un seul se rêve en écrivain (Freeman) et il n’est que Milt Hinton pour s’imaginer “writing about musicians”. Pourquoi cette apparente distance ? Et parmi ceux que l’on a pris l’habitude d’appeler jazzmen, qui écrit volontiers et qui n’écrit pas ? Pourquoi et à qui écrivent-ils, sous quelle forme, dans quel but et dans quelle relation avec leur pratique musicale quotidienne ? »
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