Les armes de l’esprit, Germaine Tillion 1939-1954, catalogue de l’exposition présentée par le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, 26 mai-20 septembre 2015,
Citadelle de Besançon

Besançon, Musée de la Résistance et de la Déportation, 2015, 168 pages

Catherine Harrison-Boisvert

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Mots clés : exposition ; Le Verfügbar aux Enfers ; Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon ; Ravensbrück ; Germaine Tillion.

Keywords: exhibition; Le Verfügbar aux Enfers; Museum of French Resistance and Deportation, Besançon; Ravensbrück; Germaine Tillion.

 

<em>Les armes de l’esprit, Germaine Tillion 1939-1954</em> (2015), catalogue de l’exposition présentée par le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, 26 mai-20 septembre 2015, Citadelle de Besançon Besançon, Musée de la Résistance et de la Déportation, 168 pages.C’est dans le cadre des célébrations entourant l’entrée au Panthéon de Germaine Tillion que la Ville de Besançon et son Musée de la Résistance et de la Déportation ont souhaité lui rendre hommage en présentant une double exposition relatant les deux phases majeures d’engagement dans la vie de l’ethnologue et résistante : « Les armes de l’esprit, Germaine Tillion 1939-1954 » et « Germaine Tillion ethnologue dans les Aurès (1934-1939) ». En guise de supplément à la première exposition, le musée a publié un catalogue explorant les enjeux liés à la Résistance, à la déportation et à la vie de Tillion au camp de Ravensbrück, ainsi qu’au travail de reconstruction historique qu’elle a mené par la suite. Si la figure de Tillion n’est pas toujours au cœur des textes présentés, la rigueur dont elle a fait preuve dans sa bataille pour la compréhension profonde de l’horreur de la déportation et des camps a visiblement constitué une inspiration pour les auteurs du catalogue. Au fil des pages, le lecteur découvre ainsi une véritable ethnographie de la guerre telle que l’a connue Tillion, ainsi que le rôle fondamental qu’elle a joué dans la connaissance que nous avons aujourd’hui de cette période.

Après un avant-propos rédigé par le maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret, et une préface de Tzvetan Todorov, alors président de l’Association Germaine Tillion1Chercheur émérite (historien et théoricien de la littérature), Tzvetan Todorov a présidé l’asssociation jusqu’en septembre 2015., le catalogue se divise en trois grandes sections. Les deux premières, « Germaine Tillion 1939-1954 » (p. 19-68) et « Mémoire et Histoire » (p. 69-118), réunissent des textes abordant, d’une part, le parcours de guerre de Germaine Tillion de la Résistance à l’après-Ravensbrück, et, d’autre part, l’œuvre de mémoire qu’elle a initiée et qui est toujours poursuivie par des institutions archivistiques françaises. La dernière section, « Trésors d’archives » (p. 119-154), préparée par Vincent Briand, attaché de conservation au Musée de la Résistance et de la Déportation, présente au lecteur quelques documents d’archives relatifs aux différentes phases de la guerre vécues par Tillion. Enfin, l’historien Laurent Douzou signe la postface, laquelle est suivie d’une chronologie de la vie de Tillion, incluant l’honneur posthume de la panthéonisation.

 

« Germaine Tillion 1939-1954 »

La première partie du catalogue est de loin la plus instructive. Elle propose au lecteur des analyses historiques et ethnographiques détaillées des trois temps principaux de la guerre tels que vécus par Tillion : la Résistance, la déportation et la vie au camp, et enfin l’après-Ravensbrück, caractérisé notamment par les procès des principaux responsables du camp. Le premier texte, proposé par Julien Blanc (p. 21-32), professeur agrégé d’histoire à l’école des Hautes études en sciences sociales (ehess), parcourt ce que l’auteur prend soin d’appeler « les Résistances » de Germaine Tillion, le pluriel étant fondamental pour saisir les multiples et successives manifestations de l’opposition de Tillion à l’occupation allemande et au régime de Vichy. La principale force de cet article réside dans la rigueur analytique avec laquelle l’auteur fait ressortir les relations ayant permis à d’importants réseaux de Résistance de voir le jour à partir des différents noyaux autonomes qui se sont créés après la demande d’armistice du maréchal Pétain.

Par la suite, deux textes sont consacrés à la déportation. Dans le premier (p. 35-40), l’historien Thomas Fontaine analyse le mécanisme juridique de la déportation, examinant  comment la déportation a été exploitée comme mécanisme complexe de répression sciemment élaboré. Adoptant une perspective historique, il retrace la manière dont les différents transports menant les prisonniers dans les camps ont été constitués suivant la progression de la guerre, accordant une attention particulière à la création et à l’évolution du statut NN (« Nacht und Nebel ») attribué, entre autres, à Tillion. L’explication de ce statut particulier et des dispositions spécifiques qu’il a requises2Les détenus catégorisés NN étaient déportés dans le plus grand secret, sans qu’aucune information soit divulguée à leurs proches. Cette méthode avait pour conséquence de « plonger [ces derniers] dans une terreur préventive » (p. 37) ayant pour objectif de freiner la Résistance. Sur le statut NN, voir l’article de Marie-Hélène Benoit-Otis et Philippe Despoix dans le présent numéro. permet à Fontaine de montrer comment les choix répressifs exercés par la Gestapo ont eu une influence déterminante sur tous les aspects de la déportation selon les objectifs poursuivis3Fontaine en dégage deux principaux : des motivations économiques liées à l’alimentation de l’industrie concentrationnaire et le désir non dissimulé d’accentuer la répression à l’égard des Résistant(e)s.. Dans le second texte (p. 43-48), Bernhard Strebel, historien également4Notons que Strebel est également l’auteur d’une importante monographie sur Ravensbrück (Strebel 2005)., se penche spécifiquement sur le mode de fonctionnement du camp de Ravensbrück. Il décrit  selon une perspective très factuelle les caractéristiques spécifiques du camp de Ravensbrück en tant que camp de femmes, ainsi que la progression des conditions de vie qui y régnaient suivant l’évolution de la guerre. Il apparaît ainsi que si, au départ, la vie à Ravensbrück a été « relativement [supportable] » (p. 44), les conditions s’y sont dégradées de façon dramatique avec les années, suivant une augmentation graduelle puis brutale du nombre de détenues admises. À l’instar de Fontaine, Strebel resitue par ailleurs le rôle de Ravensbrück dans l’ensemble de l’univers des camps en démontrant son rôle de plaque tournante de l’industrie concentrationnaire5Par exemple, Ravensbrück avait pour fonction de fournir la main-d’œuvre des camps satellites abritant des entreprises réquisitionnées par le régime nazi..

Dans un même esprit documentaire, les deux derniers textes de la première partie se penchent sur l’après-Ravensbrück. Après une explication approfondie de la structure juridique des trois procès de Ravensbrück6Ceux-ci se sont déroulés respectivement à Nuremberg (1946-1947), Hambourg (1946-1947) et Rastatt (1949-1950) (p. 52)., l’historienne Cécile Vast (p. 51-59) porte une attention particulière à celui de Hambourg, qui avait pour objectif de juger les bourreaux de Ravensbrück. L’auteure prend soin d’exposer les profondes lacunes de ce procès auquel Tillion et ses consœurs, dont Geneviève de Gaulle-Anthonioz, ont publiquement reproché de ne pas avoir su révéler le caractère systémique du camp, se limitant à une compréhension fragmentaire de sa réalité. Vast met en valeur la détermination avec laquelle ces femmes ont cherché à faire connaître la vérité sur les camps lors des procès, mais aussi par de multiples conférences, publications et par des pressions faites aux autorités pour éviter de répéter les mêmes erreurs au procès suivant. Ces démarches s’avéreront fructueuses à certains égards, malgré l’apparente indifférence du public et des médias. Par la suite, Anne-Marie Pavillard (p. 61-66), bibliothécaire à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, se penche sur le rôle spécifique de l’Association des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR)7L’ADIR est créée officiellement en novembre 1945 par Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, mais son histoire commence en 1944. À propos de cette association, voir Pavillard 2008. dans la constitution de la documentation portant sur la déportation féminine. Trois grands projets de l’association sont présentés : son implication dans les suites du procès de Hambourg, qui allait mener à sa participation à la préparation du procès de Rastatt ; le Livre Blanc de la déportation féminine, grand projet documentaire mené par Tillion, mais avorté ; et enfin, la participation de l’adir à la Commission d’enquête contre le système concentrationnaire, au sein de laquelle Tillion prendra rapidement des fonctions centrales.

 

« Mémoire et Histoire »

La deuxième partie du catalogue se concentre sur les enjeux liés à l’écriture de l’histoire de la guerre, en traitant, d’une part, du document ethnographique et historique singulier qu’est l’opérette-revue Le Verfügbar aux Enfers, et, d’autre part, de questions plus générales concernant le témoignage écrit de la Seconde Guerre mondiale. Trois textes constituent la première section, chacun explorant à sa manière, non sans quelques redondances, ce que Le Verfügbar aux Enfers nous révèle sur la vie à Ravensbrück.

Dans un premier temps, l’historienne Claire Andrieu (p. 71-77)8Le texte très justement intitulé « Le Verfügbar aux Enfers : une lecture historique » est en fait une reprise sous un nouveau titre de l’introduction par Andrieu à l’édition de 2005 du Verfügbar aux Enfers (Tillion 2005, p. 4-10). aborde la question en resituant l’opérette-revue dans le contexte de la vie au camp et plus largement parmi les autres œuvres littéraires qui y ont vu le jour. Elle souligne par ailleurs qu’il est important de considérer le statut de résistante de Tillion pour comprendre la teneur du propos et du ton de l’opérette, où l’autodérision prend le pas sur le lyrisme et l’apitoiement, le rire s’avérant un outil incontestable de résistance9Si le rire reste un élément important de l’œuvre, Andrieu souligne que Le Verfügbar aux Enfers informe également par ce dont il n’ose pas rire – tel que le sort des enfants –, par ses silences.. Andrieu se penche également sur quelques informations ethnographiques cruciales que révèle l’opérette-revue sur la vie au camp, d’autant plus que certaines d’entre elles nécessitent pour être soulevées une compréhension approfondie à la fois de l’œuvre et de l’histoire des camps : on pense notamment aux références aux différents transports de détenues et à l’importante inégalité sociale qui régnait à Ravensbrück.

Le compositeur Christophe Maudot propose un texte assez contrastant (p. 79-86) en ce qu’il porte une attention particulière à ce qui, dans la vie culturelle menée par Tillion avant la guerre, aurait pu lui fournir les références musicales nécessaires à l’écriture du Verfügbar aux Enfers. Le texte souligne tout d’abord l’apparente dissonance entre le caractère léger de l’œuvre et le bagage intellectuel et académique très sérieux de Tillion, ce qui forcerait le chercheur à se demander où Tillion a bien pu puiser son inspiration. Maudot semble oublier, d’une part, le caractère foncièrement collectif (et oral) du document10Sur le caractère d’oralité du Verfügbar aux Enfers, voir l’article de Marie-Hélène Benoit-Otis et Philippe Despoix dans le présent numéro., et, d’autre part, le fait que l’humour et la dérision sont des traits de caractère très présents chez Tillion, bien avant la rédaction du Verfügbar aux Enfers11Ces traits ont d’ailleurs jalonné son parcours de résistante. Voir par exemple la lettre que Tillion a adressée au tribunal chargée de la juger à la suite de son arrestation, dont une page manuscrite est reproduite à la p. 28 du catalogue (pour la lettre complète, voir Tillion 1988, p. 35-40). Elle y tourne très habilement en dérision les délits dont elle est accusée. Sur cette lettre et les références intertextuelles sur lesquelles s’y appuie l’humour de Tillion, voir l’article d’Ariane Santerre dans le présent numéro.. Suivant sa prémisse de départ, Maudot avance une interprétation de la structure formelle de l’opérette-revue qui pourrait révéler des liens avec la formation académique de Tillion, notamment en ce qui a trait à l’ordonnancement des airs ou encore à leur forme. Si certaines des hypothèses présentées sont intéressantes, la possibilité que toute la forme du Verfügbar aux Enfers ait été préméditée par Tillion à la lumière de son bagage culturel et académique apparaît quelque peu surévaluée, Maudot semblant évacuer l’importance du contexte de rédaction particulièrement difficile de l’opérette-revue, ainsi que la contribution des codétenues de Tillion à la constitution des airs. Cela dit, le compositeur livre ensuite une étude intéressante et documentée des agendas et correspondances de Tillion pour en dégager son calendrier culturel, révélant chez elle une culture phénoménale dans les domaines de l’opéra, de l’opérette, de la revue, mais également du théâtre et du cinéma. Ce minutieux travail d’archives permet certes de montrer l’ampleur des références musicales de Tillion, qui ont sans le moindre doute joué un rôle important dans l’élaboration du Verfügbar aux Enfers ; l’auteur aurait cependant gagné à resituer cette étude dans un contexte d’élaboration beaucoup plus complexe que ce qui est présenté dans cette analyse.

Dans la même veine qu’Andrieu, le professeur d’histoire-géographie Emmanuel Font (p. 89-95) expose ce que l’opérette-revue révèle sur la vie du camp, prenant soin d’exposer les procédés narratifs qui y sont mis en œuvre, puis liant ce document à l’ensemble de l’œuvre écrite par Tillion sur Ravensbrück. Font s’intéresse par ailleurs au processus d’édition du Verfügbar aux Enfers, ce qui s’avère très pertinent pour la compréhension de sa postérité. La section suivante, consacrée à ce que ce document révèle sur la spécificité de la déportation féminine, aurait cependant pu être nuancée et complétée. Abordant la déchéance physique des déportées, Font donne en exemple l’air tronqué « On m’a dit : il faut résister », qui montre de façon assez explicite le dépouillement de leur féminité jusqu’à la tonte de leurs cheveux12Sur cet air, voir l’article de Catherine Harrison-Boisvert et Caroline Marcoux-Gendron dans le présent numéro.. Cela dit, d’autres exemples tout aussi révélateurs auraient pu être mobilisés, mais ne le sont pas : la reprise d’« Au clair de la lune »13« Notre sex-appeal était réputé / Maintenant sa pile est bien déchargée » (Tillion 2005, p. 49)., montrant la perte quasi totale de toute forme d’attrait sexuel chez les détenues ; la référence à l’air des « Petits païens », extrait de l’opérette Phi Phi, qui évoque la déchéance de leurs seins14Sur cet air, voir les articles de Pascal Blanchet et Cécile Quesney dans le présent numéro.. En outre, le fait que Font considère les Julots15Femmes allemandes menant une existence homosexuelle dans le camp, leur mode d’organisation leur permettant d’avoir de meilleures conditions de vie. Voir le texte de Claire Andrieu, p. 77. comme la manifestation « la plus radicale » de la « déféminisation » (p. 92) des détenues traduit une conception somme toute assez étriquée et hétéronormative de la féminité.

La dernière section de cette deuxième partie aborde spécifiquement la question de l’écriture de l’histoire des camps. Elle s’ouvre ainsi sur un autre texte de Bernhard Strebel (p. 97-102), proposant un état des lieux sommaire des connaissances disponibles sur Ravensbrück. Si le regard global jeté sur ce pan d’histoire est intéressant, le texte reprend néanmoins quelques informations qui ont déjà été livrées précédemment avec beaucoup plus de précision, notamment dans la première partie16Cette redondance est sans doute imputable à la coordination scientifique du volume, dont on ignore par ailleurs par qui elle a été assurée.. Les deux textes suivants, écrits respectivement par Laurence Le Bras (p. 105-109), conservatrice au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, et par Marie-Claire Ruet et Sarah Brach (p. 111-116), respectivement conservatrice et assistante de conservation au musée de Besançon, s’intéressent quant à eux à la dimension spécifiquement archivistique de l’héritage de Tillion, analysant les traces laissées par cette dernière tout au long de son parcours de résistante. Cette analyse leur permet de mettre en exergue le travail de documentation phénoménal mené par Tillion, révélant l’ingéniosité dont elle a fait preuve et les risques qu’elle a pris pour consigner et transmettre le plus d’informations possible sur la vie dans les camps. Enfin, chacun de ces textes aborde comment les fonds d’archives sur Ravensbrück des deux institutions françaises ont été constitués.

 

« Trésors d’archives »

La dernière partie de ce catalogue (p. 119-151) présente ce qui apparaît comme le complément le plus direct de l’exposition. Il s’agit d’une suite d’images représentant divers artefacts de la guerre telle que l’a vécue Tillion, classés en ordre chronologique et accompagnés de notices explicatives relatant les faits historiques et aussi parfois les anecdotes qui y sont associés. Toute cette section constitue un complément d’informations très intéressant, tout en allégeant quelque peu le ton du catalogue de par leur caractère narratif et anecdotique. Nous retrouvons donc, par exemple : une photo de la mère de Tillion, Émilie, résistante assassinée à Ravensbrück ; l’adresse au tribunal, aussi amusante que courageuse, rédigée par Tillion lors de son incarcération17Voir ici-même la note 2. ; la photo d’arrestation d’Anise Postel-Vinay (née Girard), codétenue de Ravensbrück qui œuvrera elle aussi à la documentation de la guerre et à la constitution des archives de Germaine Tillion ; ou encore, la photo d’une Kaninchen (« lapin » ou « cobaye »), détenue d’origine polonaise victime de cruelles expérimentations médicales18Cette photo a pu sortir du camp grâce à l’intervention de Tillion..

* * *

Le catalogue d’exposition Les armes de l’esprit, Germaine Tillion 1939-1954 constitue ainsi un hommage très bien documenté à la résistante Germaine Tillion. Si l’ensemble de l’œuvre politique et historique de celle-ci s’avère le point focal de l’ouvrage, ce dernier constitue également une porte d’entrée formidable vers une compréhension approfondie des rouages de la Seconde Guerre mondiale, de la Résistance, de la déportation et de ce que l’Histoire en retiendra par la suite. C’est en fait la profonde imbrication de l’œuvre de Tillion et de notre rapport à l’histoire de la guerre qui est mise en évidence, le catalogue se révèlant à la fois un portrait de la grandeur d’esprit de l’ethnologue, sans toutefois tomber dans le panégyrique, et un document historique pertinent pour quiconque souhaite approfondir sa compréhension de ce pan de l’histoire. Ce que l’on retient également de l’héritage de Tillion par ce document, c’est la nécessaire humilité dont il convient de faire preuve face au travail de mémoire qu’une telle compréhension exige, car l’accession à la vérité sur la guerre dans sa globalité n’a pu se faire qu’au prix d’immenses sacrifices. Pour citer Tillion elle-même :

Quant au reste, à cette malgré tout dérisoire confrontation entre le crime et sa réparation […] – confrontation que nous sommes seules au monde à pouvoir faire –, eh bien c’est la rançon de la vie. Nous sommes vivantes, tant pis pour nous (p. 59).

 

Bibliographie

Pavillard, Anne-Marie (2008), « Les archives de l’Association nationale des déportées et internées de la Résistance (adir) à la bdic », Histoire@Politique, 2008/2, no 5, p. 10, http://www.cairn.info/revue-histoire-politique-2008-2-page-10.htm, consulté le 30 mars 2016.

Strebel, Bernhard (2005), Ravensbrück. Un complexe concentrationnaire, traduction française par Odile Demange, préface par Germaine Tillion, Paris, Fayard.

Tillion, Germaine (1988), Ravensbrück, Paris, Seuil.

Tillion, Germaine (2005), Le Verfügbar aux Enfers. Une opérette à Ravensbrück, présentation de Tzvetan Todorov et Claire Andrieu, Paris, La Martinière.

 


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Catherine Harrison-Boisvert, « Les armes de l’esprit, Germaine Tillion 1939-1954, catalogue de l’exposition présentée par le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, 26 mai-20 septembre 2015, Citadelle de Besançon », Revue musicale OICRM, vol. 3, no 2, 2016, p. 176-182.

  • Référence électronique

Catherine Harrison-Boisvert, « Les armes de l’esprit, Germaine Tillion 1939-1954, catalogue de l’exposition présentée par le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, 26 mai-20 septembre 2015, Citadelle de Besançon », Revue musicale OICRM, vol. 3, no 2, mis en ligne le 23 mai 2016, https://revuemusicaleoicrm.org/rmo-vol3-n2/armes-de-l-esprit/, consulté le…


Auteur

Catherine Harrison-Boisvert, Université de Montréal

Catherine Harrison-Boisvert a complété à l’automne 2015 une maîtrise en ethnomusicologie à l’Université de Montréal, sous la direction de Monique Desroches. Dans le cadre de cette recherche portant sur la musique cubaine en contexte touristique, elle a reçu le soutien financier du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH), du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC) et du Laboratoire d’ethnomusicologie et d’organologie (LEO – OICRM). Elle collabore en tant qu’interprète et auxiliaire de recherche au projet de recherche sur le Verfügbar aux Enfers depuis ses premiers balbutiements, en 2011. Ayant au cœur de ses préoccupations la relation entre arts et développement social, elle œuvre actuellement au sein de divers projets reliés à cette problématique (Ateliers Bauhaus21, Movimento – Percussions, Carrefour musical de Laval).

Notes

Notes
1 Chercheur émérite (historien et théoricien de la littérature), Tzvetan Todorov a présidé l’asssociation jusqu’en septembre 2015.
2 Les détenus catégorisés NN étaient déportés dans le plus grand secret, sans qu’aucune information soit divulguée à leurs proches. Cette méthode avait pour conséquence de « plonger [ces derniers] dans une terreur préventive » (p. 37) ayant pour objectif de freiner la Résistance. Sur le statut NN, voir l’article de Marie-Hélène Benoit-Otis et Philippe Despoix dans le présent numéro.
3 Fontaine en dégage deux principaux : des motivations économiques liées à l’alimentation de l’industrie concentrationnaire et le désir non dissimulé d’accentuer la répression à l’égard des Résistant(e)s.
4 Notons que Strebel est également l’auteur d’une importante monographie sur Ravensbrück (Strebel 2005).
5 Par exemple, Ravensbrück avait pour fonction de fournir la main-d’œuvre des camps satellites abritant des entreprises réquisitionnées par le régime nazi.
6 Ceux-ci se sont déroulés respectivement à Nuremberg (1946-1947), Hambourg (1946-1947) et Rastatt (1949-1950) (p. 52).
7 L’ADIR est créée officiellement en novembre 1945 par Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, mais son histoire commence en 1944. À propos de cette association, voir Pavillard 2008.
8 Le texte très justement intitulé « Le Verfügbar aux Enfers : une lecture historique » est en fait une reprise sous un nouveau titre de l’introduction par Andrieu à l’édition de 2005 du Verfügbar aux Enfers (Tillion 2005, p. 4-10).
9 Si le rire reste un élément important de l’œuvre, Andrieu souligne que Le Verfügbar aux Enfers informe également par ce dont il n’ose pas rire – tel que le sort des enfants –, par ses silences.
10 Sur le caractère d’oralité du Verfügbar aux Enfers, voir l’article de Marie-Hélène Benoit-Otis et Philippe Despoix dans le présent numéro.
11 Ces traits ont d’ailleurs jalonné son parcours de résistante. Voir par exemple la lettre que Tillion a adressée au tribunal chargée de la juger à la suite de son arrestation, dont une page manuscrite est reproduite à la p. 28 du catalogue (pour la lettre complète, voir Tillion 1988, p. 35-40). Elle y tourne très habilement en dérision les délits dont elle est accusée. Sur cette lettre et les références intertextuelles sur lesquelles s’y appuie l’humour de Tillion, voir l’article d’Ariane Santerre dans le présent numéro.
12 Sur cet air, voir l’article de Catherine Harrison-Boisvert et Caroline Marcoux-Gendron dans le présent numéro.
13 « Notre sex-appeal était réputé / Maintenant sa pile est bien déchargée » (Tillion 2005, p. 49).
14 Sur cet air, voir les articles de Pascal Blanchet et Cécile Quesney dans le présent numéro.
15 Femmes allemandes menant une existence homosexuelle dans le camp, leur mode d’organisation leur permettant d’avoir de meilleures conditions de vie. Voir le texte de Claire Andrieu, p. 77.
16 Cette redondance est sans doute imputable à la coordination scientifique du volume, dont on ignore par ailleurs par qui elle a été assurée.
17 Voir ici-même la note 2.
18 Cette photo a pu sortir du camp grâce à l’intervention de Tillion.

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